Je suis au bord du lac. Il est encore tôt. Il ne fait pas trop froid aujourd'hui, et de toute façon je suis bien habillée. Le ciel est bleu au-dessus de la ville, mais l'autre côté du lac est invisible, masqué par d'épais nuages gris et bas - on doit être dans le brouillard, en face.
Des dizaines d'oiseaux volent au-dessus de la rive et de l'eau. Je repère une corneille qui se fait poursuivre par deux mouettes - la corneille a un gros morceau de pain dans le bec qu'elle compte bien conserver, et que les oiseaux blancs aimeraient bien lui piquer. C'est comme un ballet dans le ciel, elles plongent puis remontent, décrivent une courbe dans un sens puis virent de bord. La corneille finit par réussir à s'enfuir, le quignon de pain toujours dans son bec. Peut-être que les mouettes auraient eu plus de chance avec la technique du renard : Bonjour, madame la corneille, que vous êtes jolie et que vous me semblez belle !
Un peu plus loin, six ou sept pigeons se tiennent côte à côte, sur le bord d'un muret. Je me demande ce qu'ils font là, les uns à côté des autres. Je m'arrête pour les regarder, et soudain, ils s'envolent tous en même temps en direction du lac, puis décrivent un grand arc de cercle, passent entre les arbres nus qui bordent la rive et je les perds de vue. Alors, je comprends : ils étaient alignés sur la ligne de départ, l'un d'eux a dû donner le signal (A vos marques, prêts... partez !) et ils se sont tous élancés dans une course au parcours sinueux. Je n'ai pas vu qui a gagné.
J'ai encore fait quelques pas en regardant les oiseaux, les vagues, les nuages poussés par le vent - ils ne tarderaient pas à masquer la petite portion de ciel bleu au-dessus de ma tête - puis je me suis dirigée vers la bibliothèque.
Ce matin, j'ai vu une corneille qui échappait à des mouettes et des pigeons qui faisaient la course. Et vous, vous avez vu quoi, ce matin ?
J'ai vu des gens dormir dans le train et la nuit défiler à travers les fenêtres...
RépondreSupprimerC'est aussi assez poétique, en quelque sorte ;)
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