Non. Impossible. J'aurais souhaité ne pas avoir d'enfants, ne pas avoir de mari, être seule chez moi pour pouvoir me terrer dans mon lit, angoisser et ressasser mes idées sombres. Si j'avais pu, j'aurais voulu m'endormir et me réveiller six ou sept semaines plus tard, quand tout serait derrière nous. Enfin, peut-être.
Oui, ça n'allait pas très fort.
Et puis le temps a passé. L'angoisse a diminué petit à petit. J'ai commencé à apprécier certains aspects de cette situation, comme les sorties en forêt avec les enfants. Les bricolages. Le pain fait maison.
Enfin, au début de la semaine passée, j'ai décidé qu'on allait se reprendre en mains. J'ai ressorti un petit tableau noir qu'on n'utilisait plus depuis pas mal de temps, ai inscrit la date du jour tout en haut et ai appelé mes enfants. Ensemble, on a préparé un programme pour la journée. Le programme de nos journées, à présent, du lundi au vendredi.
Programme familial des journées de « confinement » |
Le matin, c'est école à la maison pour les enfants (avec leur papa), travail sur mon mémoire pour moi. On fait trois sessions de 45 minutes, avec un quart d'heure de pause entre elles. Deux heures et quart de travail efficace par jour, c'est un bon départ.
Après le repas, une fois que la table est débarrassée et la cuisine rangée, on a réussi à instaurer un temps calme. Ça paraît peut-être banal ou évident pour certains d'entre vous, mais chez nous c'était loin, très loin de l'être. Là, on installe chaque enfant dans une pièce différente (un dans la chambre, l'autre au salon), avec comme consigne de lire ou de faire un dessin. Seules ces deux activités sont autorisées ! On met une minuterie d'une heure... et on va se reposer, nous aussi, dans notre chambre. Ça marche plutôt bien, à mon grand étonnement.
Ensuite, c'est le moment d'une activité en famille. On fait de la pâtisserie, un bricolage ou un jeu de société. C'est un très chouette moment ensemble, un petit moment de plaisir retrouvé... Ça fait du bien. En général, le week-end, c'est difficile de motiver les enfants à faire quoi que ce soit : ils ne pensent qu'à jouer à leur console ! Là, comme c'est dans le planning, ils acceptent volontiers l'activité. Mieux, ils la réclament ! On a déjà fait un moelleux au chocolat, une décoration avec des perles, des petites cartes de vœux avec de la peinture...
Coccinelles, une jolie idée trouvée sur Pinterest |
Après l'activité, c'est l'heure de la sortie. On a la chance de pouvoir aller en forêt, ou sur des petits chemins de campagne où on ne croise pas grand-monde. On fait donc un tour tous les jours, sauf quand il fait vraiment trop froid ou trop moche.
Pour finir, les enfants ont droit à un temps libre... En général, ça veut dire qu'ils se ruent sur leur tablette. En temps normal, ils n'ont droit aux écrans que le week-end, mais on a décidé d'être un peu plus souples. Ils ont donc droit à une heure de tablette... mais pas à la console. Ça, c'est toujours uniquement le week-end !
Pervenche en forêt |
Et il me semble que peut-être, doucement, on retrouve un petit peu d'harmonie, un équilibre. On prend du plaisir à être ensemble. Je prends du plaisir à être avec mes enfants, ce qui n'a de loin pas toujours été le cas. On a vécu pas mal de passages difficiles, où il me semblait que notre vie n'était que cris, pleurs, frustrations, refus, chantage et fatigue. Petit à petit (pas seulement depuis le confinement) les choses semblent enfin être en train de changer... Il y a quelques petites lueurs d'espoir. Des rires. De bons moments partagés.
Espérons que ça dure.