mercredi 30 septembre 2020

Le bal des hirondelles (et la rétrospective du mois de septembre)

Un de ces derniers matins, j'ai vu les hirondelles danser. Certaines étaient agrippées à la paroi d'une maison pendant que les autres voletaient autour d'elles. Soudain, elles partaient toutes ensembles, allaient faire un tour dans le ciel, puis revenaient s'agripper à la paroi. Elles tournoyaient dans le ciel, s'éloignant puis revenant, dans un ballet spectaculaire. 

Après avoir assisté à cette danse, je n'en ai plus revu aucune... Il s'agissait sûrement de leur grande réunion avant d'entamer leur long voyage vers le Sud.


 

Je ne suis pas très prolixe sur mon blog en ce moment. Ce n'est pas faute d'avoir des idées, mais elles tourbillonnent dans ma tête comme ces hirondelles dans le ciel, et il est difficile de les faire se poser. Dans l'ensemble, ce mois de septembre a été un peu lourd, un peu pesant. Pas vraiment difficile, mais pas tout à fait facile non plus.

Il y a les soucis financiers qui n'aident pas à voir la vie en rose. 

Il y a ma grand-maman qui a fait plusieurs allers-retours entre l'hôpital et chez elle, qui commence à perdre la mémoire, à être désorientée. C'est toujours dans un petit coin de ma tête et ça me pèse. 

Il y a... la séparation d'avec mon mari. Oui, je n'en avais pas encore parlé clairement ici, mais nous nous séparons. C'est une très bonne chose en soi, du moins pour moi. Mais évidemment, ça engendre aussi pas mal de soucis.

Il y a mon ordinateur, sur lequel j'ai renversé une tasse de thé... Il a survécu heureusement, mais le clavier est mort, et j'ai dû en acheter un qui se branche par câble USB. Pendant un moment, j'ai aussi cru que la carte réseau avait lâché... mais heureusement, ce n'est pas le cas.

Il y a le fait que je suis de nouveau en charge des enfants pendant la journée, avant et après l'école, et que ça me laisse moins de temps pour travailler. En ce moment, ils veulent toujours avoir leurs tablettes et vont même les piquer dans ma chambre, je ne sais plus où les cacher. Il faudrait que j'aie une bonne conversation avec eux et que je remettre des règles plus strictes, mais je n'en ai pas vraiment le courage pour l'instant.

Il y a le fait que je doive tous les soirs aller me poster devant la porte de la chambre des enfants pour qu'ils arrêtent de discuter, de rigoler, de sauter l'un sur le lit de l'autre, et qu'ils s'endorment enfin. Ils dorment depuis peu les deux dans la même chambre, et c'est la galère. Malgré l'histoire puis la méditation guidée que je leur fais écouter dans l'espoir que ça les calme... je me retrouve quand même chaque soir, vers 9 heures, assise avec mon bouquin devant leur porte à dire "Shhhhhhhhhh !" ou à taper sur la porte dès que j'entends un bruit.

 


 

Heureusement, il y a aussi eu plein de petites choses positives :

J'ai fait du tri dan un gros carton d'habits (de bébé, d'enfant, d'adulte, le tout bien mélangé). J'en ai donné une bonne partie à un magasin de seconde main, d'autres à ma sœur pour son fils. Certains ont été mis en vente sur Internet, sans beaucoup de succès. Je les amènerai sûrement à une autre boutique qui accepte les vêtements pour enfants. Du coup, il ne reste plus qu'un sac en papier dans le placard, et ça fait du bien.

J'ai fait des muffins pour les goûters des enfants, et un jour, on a fait ensemble des petits pains au lait. Les enfants ont adoré les faire comme les manger.

Mon travail de master avance bien, il suffirait juste que je devienne un peu moins perfectionniste et je pourrais bientôt le terminer. De toute façon, maintenant, je n'ai plus le choix : c'est février, dernier délai. Et je compte bien terminer avant. Enfin j'espère.

Et dimanche dernier, les enfants sont allés visiter un chouette musée avec leur papa, et ils en sont rentrés ravis. De mon côté, j'ai eu du temps pour moi, pour coudre deux ou trois choses, trier les photos sur mon ordinateur, me reposer un peu... ce que j'apprécie toujours. 


 

Et vous, dites-moi... comment s'est passé votre mois de septembre ?

 

PS: J'ai posté les nouvelles pages de mon bullet journal sur mon nouveau blog, si ça vous dit d'aller y jeter un œil ;)

samedi 26 septembre 2020

J'entends ta colère, tu peux t'apaiser...

Ce soir, c'est papa qui a pris en main le coucher des enfants. Tout s'est bien passé jusqu'au moment de l'histoire : mon P'tit Loup de 6 ans s'est mis à hurler et à pleurer qu'il voulait que ce soit Maman qui lise. Il a déboulé en larmes dans la cuisine où j'étais en train de faire la vaisselle, hurlant qu'il voulait que je vienne, que c'est moi qui devait lire l'histoire, qu'il ne voulait pas que ce soit papa.

 


 

Je me suis d'abord sentie agacée, et un peu désemparée. Enfin un soir où je n'avais pas à m'occuper des gamins, et on ne me laissait pas tranquille ? Heureusement, je me suis vite reprise. Et j'avoue que je n'en suis pas peu fière. Je lui ai donc demandé :

- Dis-moi, P'tit Loup, qu'est-ce que tu ressens quand tu apprends que c'est Papa qui va lire l'histoire ?

- De la colère ! a-t-il répondu sans hésiter.

- Oh la la... une grosse colère ? Une colère comment ?

Il est alors allé chercher une feuille de papier, un feutre noir, et s'est mis à faire de gros gribouillis sur toute la page, comme un énorme nuage noir. C'est un truc que je lui avais déjà montré il y a quelque temps : faire un dessin de sa colère. 

S'il y a bien quelque chose que j'ai apprise, c'est que quand la personne en face de nous est en colère, ou triste, ou qu'elle a peur, la première chose à faire est d'admettre ce sentiment, de l'accepter, de montrer qu'on comprend quelle est l'émotion qu'elle ressent. Quand vous racontez à votre meilleure amie que vous êtes incroyablement stressée par quelque chose qui se passe à votre travail, ou énervée par une chose que vous a dite votre conjoint, il n'y a rien de plus agaçant que de s'entendre répondre quelque chose du genre « Mais pourquoi tu ne fais pas simplement... » ou « Mais il n'y avait qu'à... ». Non, ce que vous voulez n'est pas une solution miracle à votre problème, ce que vous voulez, c'est avant tout être entendue. Vous souhaitez qu'on compatisse à votre douleur, vous aimeriez entendre que vous avez eu raison de vous mettre en colère, ou que c'est naturel d'être stressé dans cette situation. Se plaindre est en soi un exutoire - sentir qu'on est compris est apaisant. Les conseils peuvent venir dans un second temps.

Ce petit truc marche généralement très bien avec le P'tit Loup. Il suffit de lui dire : « Je vois que tu es en colère... » puis de lui demander de nous parler un peu plus en détails de ce qu'il ressent.

Ce soir, rien que d'avoir recouvert sa feuille de gros traits noirs l'a un peu calmé. Il s'est rendu compte que le feutre ne marchait plus très bien, l'a jeté à la poubelle, est allé en chercher un autre, qui ne marchait plus très bien non plus. Alors, il m'a dit qu'il faudrait en racheter un nouveau, et je lui ai répondu qu'on allait le faire.

- Mais P'tit Loup, dis-moi... est-ce que tu arrives à m'expliquer comment ça se fait que tu ressente de la colère quand tu apprends que c'est Papa qui va lire l'histoire ?

- Ben... c'est parce qu'il fait toujours des accents bizarres !

C'est vrai, c'est quelque chose que je l'ai déjà entendu faire. Il prend l'accent « africain », ou « parisien », et ça a le don d'énerver prodigieusement les enfants, surtout le petit.

Je lui ai demandé si d'autres choses l'agaçaient encore, ou si c'était tout. Il a d'abord dit que c'était tout, puis a ajouté que son Papa « ne savait pas lire », et qu'il ne disait « pas les points d'exclamation ». J'ai traduit qu'il ne mettait pas toujours la bonne intonation quand il lisait des dialogues.

- Mais P'tit Loup, j'ai une super idée ! Toi qui sais si bien lire, tu peux un peu aider ton Papa si tu trouves qu'il ne prononces pas comme il faut. Tu peux lui montrer la bonne intonation, et il va apprendre. Ton Papa t'apprend beaucoup de choses ; mais tu peux aussi lui en apprendre.

Ça a eu l'air de lui plaire, et il a fini par aller tranquillement dans la chambre, écouter la suite de la BD que son Papa avait déjà commencé à lire à son grand frère. Nous avons encore parlé tous ensemble de ce qui s'était passé, et de ce qu'on allait faire pour améliorer la situation. Personne n'a pris d'accent bizarre, et la suite de la lecture s'est déroulée dans le calme le plus parfait.

 



vendredi 4 septembre 2020

J'ai retrouvé mon fil

- Grand Loup, avant de partir, prends toi-même un goûter pour toi, et un pour ton petit frère... P'tit Loup, je t'en prie, va mettre tes chaussures !

Il est 8 heures moins 10. Nous sommes jeudi matin, les enfants s'apprêtent à partir à l'école. Moi, je suis assise à la table du petit déjeuner... d'où je n'arrive plus à me relever. Un peu plus tôt, j'ai fait un faux mouvement et crac ! j'ai senti mon dos se bloquer. En poussant des gémissements, je suis venue rejoindre mes enfants à table. Je n'arrive pas à tendre le bras pour attraper le pot de confiture, j'ai mal dès que je tente de changer de position, tourner la tête est une horreur, et je me demande si je réussirai à me relever un jour.

 

 

C'est la semaine entière qui a été terrible. Je l'ai commencée avec une cystite (aïe, ça brûle, ça fatigue, c'est extrêmement désagréable) pour laquelle j'ai eu droit à des antibiotiques. En même temps, je commençais à attraper le rhume de mes chers bambins, qui l'ont eu chacun à leur tour la semaine passée. Si ça a duré à peine plus d'une journée pour eux, j'ai eu pour ma part beaucoup, beaucoup plus de mal à m'en remettre... Ce n'est qu'aujourd'hui (vendredi !) que ma tête est enfin libérée de l'étau qui l'enserrait. Et pour couronner le tout : j'avais mes règles ! Inutile de dire que j'ai été patraque pendant toute la semaine et que j'ai tout laissé trainer - vaisselle, ménage, mémoire...

Il y a aussi de (gros) soucis du côté de mon beau-frère qui ont pesé, ajoutant un bonne dose de stress... D'autant que j'ai m'occuper des enfants toute seule, leur papa étant allé soutenir son frère à Paris pendant ces moments difficiles.

Beaucoup de fatigue, beaucoup de stress, peu de travail effectué, quelques cris et énervements avec les enfants... mais étrangement, pas de déprime. Je dis « étrangement », parce qu'une semaine comme ça aurait sans doute été un enfer il y a une année. J'aurais été désespérée, j'aurais broyé du noir, j'aurais eu envie d'envoyer mes enfants en pension ou qu'on m'enferme moi - à l'asile. 

Mais là, non. 

 


Ça n'a pas été facile, loin de là, mais je n'ai pas ressenti ce profond désespoir, cette chape de plomb qui pesait sur mes épaules. J'avais envie de dormir, mais pas de m'enfuir avec un aller simple sur une île déserte. J'ai un peu crié sur mes enfants, mais j'ai même su me maîtriser un soir où ils ne s'endormaient pas pour leur faire faire un peu de méditation. Enfin, j'ai été reconnaissante que ma maman vienne s'occuper des enfants hier soir, qu'elle fasse un peu de vaisselle et ramasse les legos qui trainaient dans le salon, mais j'ai réussi à aller à la séance de parents malgré le dos encore un peu bloqué, les sinus bouchés et le mal de tête qui s'installait. 

Il y a un an, j'aurais sûrement appelé ma maman beaucoup plus tôt, et j'aurais passé ma soirée dans mon lit à pleurer.

J'ai changé. J'ai guéri. Je crois. C'est étrange et c'est bon et ça rend léger de s'en rendre compte. Étrange, parce que quand j'étais en train de le vivre, je ne me rendais pas compte à quel point j'allais mal, à quel point cette situation n'était pas normale.

Peut-être bien que j'ai retrouvé mon fil, celui que j'avais perdu. Peut-être bien pour de bon, cette fois-ci.


mercredi 2 septembre 2020

La petite souris

L'autre jour, le P'tit Loup a perdu une dent. Encore une !

Et cette fois, il la trouvait tellement belle qu'il n'avait pas envie que la petite souris ne la lui prenne. Alors, il lui a demandé, gentiment, de la lui laisser, mais de quand même lui apporter sa petite pièce.

Le lendemain, voilà donc ce que le P'tit Loup a découvert sous son oreiller :

 



mardi 1 septembre 2020

Quand blesser est un art

*Cette personne* est douée pour le reproche. Le reproche un peu justifié comme celui qu'elle formule juste pour faire oublier ses propres manquements, ses propres erreurs, ses propres échecs.

*Cette personne* est habile pour taper là où ça fait mal, pour raviver une blessure qu'on croyait cicatrisée, pour tourner et retourner le couteau dans la plaie. Elle a les mots pour te faire te sentir tout petit, des mots qui tourbillonnent ensuite dans ta tête et engendrent une lutte violente entre ta raison, qui sait que *cette personne* a tort, et ton cœur, qui hurle de douleur.

*Cette personne* n'hésite pas à affirmer des choses injustes, des choses invraisemblables. Elle sait aussi, par quelque tour de passe-passe, retourner une situation pour se faire passer pour la victime, et toi pour le bourreau. Après t'avoir ensevelie de remarques négatives, elle t'observe sortir tes griffes, t'écoute exposer tes griefs, toi acculée, dos au mur. Puis *cette personne* t'accuse d'être tout le temps en train de lui faire des reproches, et de ne pas voir tout ce qu'elle fait de bien.

 


*Cette personne* aime compter. Tenir des comptes d'épicier pour à peu près tout, les centimes dépensés, mais surtout les efforts investis, l'énergie mise à faire ceci ou cela, le temps dépensé dans telle ou telle activité. Oui, *cette personne* compte. Avec un compte un peu plus généreux quand il s'agit de ses propres efforts, de sa propre énergie. L'énergie des autres, c'est sûr, vaut moins que la sienne.

*Cette personne* aime se bagarrer. Pas se battre pour obtenir quelque chose de précis ou pour faire avancer les choses, non, se bagarrer pour le geste, parce que ça lui permet de te faire porter le chapeau pour ses propres échecs, parce que c'est la seule chose qu'elle connaisse. La meilleure défense de *cette personne*, c'est l'attaque.

Et puis, quand elle est fatiguée de se bagarrer, *cette personne* veut qu'on l'admire, qu'on la flatte. Parce que *cette personne*, au fond, c'est une toute petite personne qui manque de confiance en elle, qui a un besoin terrible et inassouvible d'attention, de tendresse, de reconnaissance. Elle cherche à obtenir des autres ce sentiment de sécurité qu'on ne peut réellement recevoir que de soi-même - cette certitude d'être plein et entier qu'on doit découvrir au fond de soi. Toi, tu ne peux pas lui donner tout ça, mais elle ne le comprend pas, alors elle insiste, elle cherche, elle tape, elle griffe, elle attaque en espérant obtenir comme ça ce qu'elle désire plus que tout.



J'ai eu mal au ventre en traçant le premier jet de cet article dans un cahier, et j'ai à nouveau mal au ventre en le transcrivant ici. Quand blesser est un art... induit par la souffrance... Jusqu'à quand peut-on expliquer, légitimer, pardonner des actes, des paroles, ou l'absence d'actes ? *Cette personne* souffre, mais elle fait aussi beaucoup souffrir. Je lui souhaite de trouver un jour cette précieuse force qui est en elle et qui lui permettra enfin d'avancer... Mais je me dois de me protéger, refermer mes blessures et l'empêcher d'en ouvrir d'autres.