Avec l'université, j'avais la possibilité de suivre un atelier intitulé "combattre la procrastination". J'ai tout d'abord procrastiné un peu mon inscription à ce cours, puis j'ai fini par le faire. C'est que les délais ont toujours été un problème pour moi. Aussi loin que je me souvienne, je m'y suis toujours prise à la dernière minute pour préparer mes exposés, réviser pour les tests et les examens, rendre les inscriptions et les circulaires, payer les factures. A l'uni, j'ai rarement eu le temps de terminer les textes que les profs nous demandaient de lire - parce que j'avais commencé leur lecture une heure avant le début du cours. Et malgré cela, j'ai toujours tout réussi haut la main - ou presque.
Ces derniers temps, mon habitude à tout repousser au lendemain avait encore énormément empiré... en même temps, quand on a tout juste la force de sortir de son lit pour traverser la journée, il est quasiment impossible de se lancer dans la montagne à gravir qu'est un mémoire de master - surtout quand on n'en est qu'au début et qu'on n'est pas très sûr de la direction à prendre. En fait, je ne sais plus ce que j'ai fait de toute l'année 2018, universitairement parlant. Rien, je crois. C'est comme une grande zone de brouillard. Je me suis bien assise devant mon ordinateur à plusieurs reprises, j'ai bien écrit quelque lignes, lu quelques chapitres de bouquins, mais je n'ai rien avancé, rien terminé. Tout en culpabilisant de ne rien arriver à faire. Et ça, c'est pas bon pour le moral. Pas du tout. Je me suis reprise en 2019 - j'ai terminé deux "petits" travaux (d'une vingtaine de pages chacun) que j'avais encore à rendre, et j'ai écrit un article avec ma prof. J'ai avancé. Lentement, mais j'ai avancé. Et ça, c'est quand même meilleur pour le moral.
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Comme de la dentelle |
Là, je me trouvais face à ma haute et raide et dangereuse montagne - mon travail de master, donc - et je me sentais à nouveau dépourvue. J'ai donc décidé de prendre les choses en main - plus droit aux excuses maintenant que
je m'apprête à aller mieux - et je me suis donc inscrite à l'atelier contre la procrastination. Il a lieu sur trois séances - on a déjà eu les deux premières. Et on a déjà appris plusieurs choses utiles.
Tout d'abord, les
mécanismes de la procrastination. Chacun peut identifier quand et comment il procrastine :
- Quelle est ou sont les tâches qu'on repousse systématiquement ?
- Avec quelles activités de remplacement ?
- Quelles sont les justifications ou les prétextes que l'on trouve ?
- Quels sentiments ou sensations en découlent ?
- Et enfin, avec quelles conséquences positives et négatives, à court et à long terme ?
Pour moi, la réponse principale était le
travail sur mon mémoire, pour
faire du rien à la place (lire des blogs ou scroller sur instagram, regarder des vidéos youtube jusqu'au point où ça ne me procurait même plus aucun plaisir de le faire), en me donnant comme excuse que
j'étais trop fatiguée (ce qui était vrai, en fait, j'étais fatiguée et déprimée) ou que
je n'avais pas assez de temps, avec comme sensation
une boule dans le ventre qui ne me quittait plus et comme conséquences... que tout le monde autour de moi, y compris moi-même, a fini par me prendre pour une bonne à rien.
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Feuilles mortes |
A la deuxième séance, on a vu des éléments pratiques pour commencer à nous aider, et notamment
les étapes pour débuter à l'heure la tâche qu'on s'est fixée, présentées sous forme d'un contrat avec nous-même, à remplir et signer. En gros, on s'engage à se concentrer pendant au minimum 20 minutes, après avoir défini :
- La tâche que l'on a à faire,
- A quelle heure on compte la commencer,
- Où est-ce qu'on pense travailler,
- Le signal qu'on va utiliser pour se rappeler de commencer (par exemple, une sonnerie sur son portable),
- Un petit rituel pour se mettre dans l'ambiance de travail (par exemple, se préparer du thé, écouter une chanson motivante, organiser son bureau, etc.).
J'ai donc décidé, dans un premier temps, que j'allais commencer à
lire quelques articles utiles pour mon mémoire, que je commencerais à travailler
à 11h à la bibliothèque (avant ça, j'avais un rendez-vous). Comme rituel, j'ai choisi de faire
5 minutes de méditation à l'aide d'une
vidéo trouvée sur youtube. On devait aussi s'encourager à l'aide d'une petite phrase de motivation. J'ai simplement écrit : "
Tu te sentiras bien une fois que ce sera fait". Et ça a marché ! Je me sens effectivement bien, et fière de moi, et apaisée d'avoir réussi à lire quelques articles et à prendre des notes.
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Couleurs éclatantes de l'automne |
J'ai travaillé par petites périodes de 30 à 45 minutes environ, en prenant le temps de faire une vraie pause entre deux. Les petits épisodes de méditation, que je répétais après chaque pause, se sont révélés vraiment très agréables. Je me réjouissais de reprendre pour pouvoir passer ces cinq petites minutes de tranquillité, écouteurs dans les oreilles, bras croisés sur la table, tête posée sur les bras, yeux fermés, et tant pis pour les autres étudiants tout autour.
Bref, aujourd'hui, j'ai bien travaillé, et je suis fière de moi. J'espère que ça va durer.