mercredi 13 novembre 2019

J'ai fait ça aujourd'hui - et pas demain

Avec l'université, j'avais la possibilité de suivre un atelier intitulé "combattre la procrastination". J'ai tout d'abord procrastiné un peu mon inscription à ce cours, puis j'ai fini par le faire. C'est que les délais ont toujours été un problème pour moi. Aussi loin que je me souvienne, je m'y suis toujours prise à la dernière minute pour préparer mes exposés, réviser pour les tests et les examens, rendre les inscriptions et les circulaires, payer les factures. A l'uni, j'ai rarement eu le temps de terminer les textes que les profs nous demandaient de lire - parce que j'avais commencé leur lecture une heure avant le début du cours. Et malgré cela, j'ai toujours tout réussi haut la main - ou presque.

Ces derniers temps, mon habitude à tout repousser au lendemain avait encore énormément empiré... en même temps, quand on a tout juste la force de sortir de son lit pour traverser la journée, il est quasiment impossible de se lancer dans la montagne à gravir qu'est un mémoire de master - surtout quand on n'en est qu'au début et qu'on n'est pas très sûr de la direction à prendre. En fait, je ne sais plus ce que j'ai fait de toute l'année 2018, universitairement parlant. Rien, je crois. C'est comme une grande zone de brouillard. Je me suis bien assise devant mon ordinateur à plusieurs reprises, j'ai bien écrit quelque lignes, lu quelques chapitres de bouquins, mais je n'ai rien avancé, rien terminé. Tout en culpabilisant de ne rien arriver à faire. Et ça, c'est pas bon pour le moral. Pas du tout. Je me suis reprise en 2019 - j'ai terminé deux "petits" travaux (d'une vingtaine de pages chacun) que j'avais encore à rendre, et j'ai écrit un article avec ma prof. J'ai avancé. Lentement, mais j'ai avancé. Et ça, c'est quand même meilleur pour le moral.

Comme de la dentelle

Là, je me trouvais face à ma haute et raide et dangereuse montagne - mon travail de master, donc - et je me sentais à nouveau dépourvue. J'ai donc décidé de prendre les choses en main - plus droit aux excuses maintenant que je m'apprête à aller mieux - et je me suis donc inscrite à l'atelier contre la procrastination. Il a lieu sur trois séances - on a déjà eu les deux premières. Et on a déjà appris plusieurs choses utiles.

Tout d'abord, les mécanismes de la procrastination. Chacun peut identifier quand et comment il procrastine :

- Quelle est ou sont les tâches qu'on repousse systématiquement ?
- Avec quelles activités de remplacement ?
- Quelles sont les justifications ou les prétextes que l'on trouve ?
- Quels sentiments ou sensations en découlent ?
- Et enfin, avec quelles conséquences positives et négatives, à court et à long terme ?

Pour moi, la réponse principale était le travail sur mon mémoire, pour faire du rien à la place (lire des blogs ou scroller sur instagram, regarder des vidéos youtube jusqu'au point où ça ne me procurait même plus aucun plaisir de le faire), en me donnant comme excuse que j'étais trop fatiguée (ce qui était vrai, en fait, j'étais fatiguée et déprimée) ou que je n'avais pas assez de temps, avec comme sensation une boule dans le ventre qui ne me quittait plus et comme conséquences... que tout le monde autour de moi, y compris moi-même, a fini par me prendre pour une bonne à rien.

Feuilles mortes

A la deuxième séance, on a vu des éléments pratiques pour commencer à nous aider, et notamment les étapes pour débuter à l'heure la tâche qu'on s'est fixée, présentées sous forme d'un contrat avec nous-même, à remplir et signer. En gros, on s'engage à se concentrer pendant au minimum 20 minutes, après avoir défini :

- La tâche que l'on a à faire,
- A quelle heure on compte la commencer,
- Où est-ce qu'on pense travailler,
- Le signal qu'on va utiliser pour se rappeler de commencer (par exemple, une sonnerie sur son portable),
- Un petit rituel pour se mettre dans l'ambiance de travail (par exemple, se préparer du thé, écouter une chanson motivante, organiser son bureau, etc.).

J'ai donc décidé, dans un premier temps, que j'allais commencer à lire quelques articles utiles pour mon mémoire, que je commencerais à travailler à 11h à la bibliothèque (avant ça, j'avais un rendez-vous). Comme rituel, j'ai choisi de faire 5 minutes de méditation à l'aide d'une vidéo trouvée sur youtube. On devait aussi s'encourager à l'aide d'une petite phrase de motivation. J'ai simplement écrit : "Tu te sentiras bien une fois que ce sera fait". Et ça a marché ! Je me sens effectivement bien, et fière de moi, et apaisée d'avoir réussi à lire quelques articles et à prendre des notes.

Couleurs éclatantes de l'automne

J'ai travaillé par petites périodes de 30 à 45 minutes environ, en prenant le temps de faire une vraie pause entre deux. Les petits épisodes de méditation, que je répétais après chaque pause, se sont révélés vraiment très agréables. Je me réjouissais de reprendre pour pouvoir passer ces cinq petites minutes de tranquillité, écouteurs dans les oreilles, bras croisés sur la table, tête posée sur les bras, yeux fermés, et tant pis pour les autres étudiants tout autour.

Bref, aujourd'hui, j'ai bien travaillé, et je suis fière de moi. J'espère que ça va durer.

14 commentaires:

  1. Félicitations!

    Je crois que c'est important de comprendre pourquoi on repousse (sauf gros problème de concentration ou manque de temps évident). On a toujours un petit compte à régler avec soi-même ;-)

    Je ne peux pas dire que je procrastine beaucoup, sauf quand vraiment je recule pour mieux sauter (vcf. le permis). Faire des listes de choses à faire m'aide beaucoup. C'est con, mais ça marche sur moi!

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    1. Je suis aussi une grande utilisatrice de listes, d'où mon amour pour le bullet journal ;) Mais il y a aussi eu des périodes où je notais des choses sur ma liste tout en sachant pertinemment que je ne le ferais pas, parce que ça me mettait dans un état de stress tel que je n'y arrivais juste pas. Ou des fois où j'allais à la salle de lecture de la bibliothèque, et que je passais la journée entière à regarder les autres concentrés sur leurs bouquins et leurs écrans d'ordinateurs, pendant que je regardais les reflets du soleil au plafond, lisais des blogs ou même regardais des vidéos. Une page Word ouverte pour me donner l'illusion que j'allais me mettre à travailler d'un moment à l'autre...

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  2. Tu fais quoi comme études et comme Master ? J'aime bien cette approche de la procrastination, je crois qu'on l'est tous à un moment ou un autre, et prendre ce problème à bras le corps comme toi c'est vraiment bien. Je ne sais plus trop comment j'ai réussi a moins procrastiner, mais c'est un combat de tous les jours :D

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    1. J'étudie le Français langue étrangère, pour enseigner le français aux non-natifs ;) Et je compte faire mon mémoire sur la manière dont sont présentés les francophones dans les manuels de français utilisés à l'école obligatoire en Suisse alémanique.

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  3. C'est chouette que tu aies trouvé quelque chose qui fonctionne pour toi. Moi je m'étais fixé deux articles par semaine, une petite colline au lieu de la montagne, et j'ai fini. La colline suivante m'attend.
    Tu sais quoi ? On va y arriver ;-)

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    1. Oui, on va y arriver ! :) Ça me fait plaisir de savoir que tu en es plus ou moins au même stade que moi, on peut s'entre-motiver ;)

      C'est une bonne idée de voir les choses comme ça, colline après colline. C'est ce que j'essaie de faire aussi en ce moment, découper le tout en petites étapes. L'étape "lectures" est assez facile à définir, mais la suite... ça risque d'être plus ardu ;)

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  4. Personne autour de toi n'a jamais pensé que tu n'étais bonne à rien...
    C'est chouette de réussir à développer tes propres ressources.
    😘😘😘

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  5. Coucou Cara :)
    D'abord, est-ce que tu m'autorises à admirer tes photos encore un peu plus? Elles sont si belles. De la poésie. Un enchantement.
    Il faut avoir une belle âme pour capturer autant de poésie.

    Ensuite, bravo ! De t'être lancée. C'est le plus dur et tu as fait le plus dur. Tu peux être fière de toi.
    J'aime bien l'idée du rituel pour pouvoir se mettre dans le bain avant de commencer une tâche.
    Moi j'ai remarqué que je procrastinais quand je dormais peu (donc fatigue) et que je n'avais pas de vrai raison de le faire. Je lis un livre en ce moment qui traite de l'organisation du travail. Et j'ai lu ce passage où l'auteur disait que pour que les gens soient productifs donc performants dans leur travail il faut qu'ils aient une raison qui les transcende (bien au-delà du "je dois gagner ma vie" (ce qui est bien vrai cela dit)). Personnellement, je pense qu'il a raison parce que quand j'y pense toutes les fois où j'ai "performé" c'était parce que j'avais une raison qui me transcendait.
    Il suffit juste de répondre honnêtement à la question "pourquoi je le fais?".

    Enfin, je te souhaite une belle journée <3

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    1. Merci, je suis en effet assez fière de moi en ce moment, pour cet aspect-là ;) Je pense que la raison principale qui me permet de le faire est que je suis passionnée par ce que je fais ! J'adore étudier, analyser, comprendre - et rédiger. Ça me demande par contre beaucoup, beaucoup d'énergie, parce que je suis très exigeante envers moi-même, très perfectionniste. Il faut probablement que je travaille un peut sur ce point, pour me laisser un peu de lest...

      Et merci beaucoup pour tes compliments sur mes photos, ça me fait évidemment très, très, très, très plaisir :) :) :)

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  6. Mais c'est extraordinaire, ce cours ! Il devrait exister dans toutes les universités (parce que même sans aucune excuse, je peux te dire que les étudiants procrastinent beaucoup)
    J'employais cette méthode avec mon aîné, qui s'éparpillait beaucoup au moment de faire ses devoirs (et pas que là) : 5 minutes de concentration intense, puis 1 minute pour me raconter ce qui lui passait par la tête ou pour regarder dehors… et puis peu à peu, on allongeait les durées.
    Et pour ma part, je suis adepte des to-do lists mais désormais, j'essaie de les minuter à peu près, parce que noter pour le mercredi 18 tâches qui prennent facile 45 minutes chacune, c'est l'échec assuré et un grand découragement en fin de journée.

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    1. C'est vrai que c'est super qu'on puisse y avoir accès. C'est un cours organisé par le service de soutien psychologique aux étudiants, et qui est donc payant. Mais vraiment, je suis contente d'avoir franchi le pas et de m'y être inscrite.

      Avec mon fils, pour les devoirs, ce qui marche bien c'est de lui donner de petits challenges sous forme de chronométrage. On fait ça quand il doit recopier sa liste de voc : selon la longueur du mot, je mets un compte à rebours de 20, 30 ou 40 secondes. En général, il est tout content parce qu'il réussit à l'écrire en bien moins de temps que ça ;)

      Je fais aussi énormément de listes (enfin, j'ai recommencé à en faire, pendant une période je n'avais même plus le courage). Effectivement, il faut savoir évaluer le temps que ça nous prendra pour ne pas se décourager... et je ne suis pas très douée pour ça.

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  7. J'aime beaucoup l'idée du contrat avec soi-même. Ce qui m'aide (parfois) à moins procrastiner, c'est de me dire que je n'ai pas du tout envie de faire quelque chose, mais que je n'en aurai pas plus envie demain ou après-demain! Donc procrastiner ne sert à rien, à part à me faire sentir nulle et coupable pendant plus longtemps que nécessaire. Ca marche, parfois... Bravo à toi en tous les cas :)

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    1. J'aimerais bien que cette simple pensée me suffise à me motiver, mais généralement... ça ne marche pas, je préfère quand même glandouiller quitte à me retrouver en stress le jour suivant :'D

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