lundi 28 juin 2021

Le temps est devenu fou

Le temps est devenu fou.

Mardi passé, j'ai observé, médusée, la rue devant chez moi se transformer en rivière. C'était d'abord de petites rigoles, de chaque côté, qui se sont vite rejointes pour former un torrent. Comme la rue est en travaux et n'a pas encore été goudronnée, des ruisseaux se sont creusés dans le sable et le gravier. A côté de la fontaine, le trou béant de deux mètres de côté et d'un mètre cinquante de profondeur a rapidement été rempli d'eau, n'apparaissant bientôt plus du tout.



Les voisines du dessus et du dessous étaient comme moi à la fenêtre à contempler ce spectacle effarant. La pluie semblait ne jamais vouloir s'arrêter. J'ai vu une camionnette de pompiers s'arrêter dans la rue d'en face et son occupant passer dans plusieurs maisons, probablement celles qui avaient été inondées. J'étais pour ma part heureuse de ne pas habiter au rez-de-chaussée...

 

C'est un peu plus tard, alors qu'il faisait déjà nuit, que j'ai vu un hélicoptère se diriger vers le village d'à côté. Il éclairait la forêt et les maisons de son projecteur. Une recherche sur internet, et j'ai appris que la situation avait été encore bien pire là-bas : c'est carrément des torrents de boue qui se sont déversés sur le village, emportant les voitures, détruisant les jardins, éventrant la route, pénétrant dans les caves et les maisons... Certains habitants ne pouvaient plus sortir de chez eux et avaient dû se réfugier au grenier en attendant les secours.


 

La valse de l'hélicoptère et des véhicules de secours a duré encore un moment. La pluie, qui s'était calmée, s'est remise à tomber. J'ai eu du mal à m'endormir, bouleversée par toute cette situation - pas pour moi, mais pour toutes ces personnes qui ont vu leur maison dévastée.


C'est la deuxième fois de ma vie que j'habite là où ce genre de phénomène se produit : la première fois, c'était à Port-Louis, à l'Ile Maurice. Là-bas, plusieurs personnes étaient mortes noyées, en tombant dans le canal gonflé à bloc ou en restant piégées dans un passage souterrain qui se remplissait d'eau. Cette fois-ci, heureusement, les dégâts ne sont que matériels.

 

N'empêche, je reste tendue quand la pluie recommence à tomber fort, comme hier soir ou cet après-midi. Hier soir, j'étais déjà couchée. La pluie qui s'est mise à tomber subitement m'a tirée de mon lit, et je suis allée contempler l'eau qui recommençait à s'accumuler sur la route, à former de petites rigoles... Un peu plus tard, un énorme coup de tonnerre a retentit, une fraction de seconde seulement après l'éclair, faisant tout trembler et laissant mon cœur battant. Et cet après-midi, le temps s'est soudainement obscurci, le vent a commencé à souffler, secouant violemment la cime des arbres. J'ai eu le réflexe de rentrer le basilic posé sur le rebord de ma fenêtre, et peu après la pluie commençait, se transformant bientôt en gros grêlons qui venaient taper sur les fenêtres avec un bruit assourdissant.

Quand je suis sortie un peu plus tard pour aller à l'épicerie, le léger vent qui persistait faisait danser des morceaux de fleurs de géranium éparpillés sur la route sous les fenêtres fleuries.

Le temps, semble-t-il, est devenu fou...

samedi 19 juin 2021

Changement de rythme

La semaine qui vient de s'achever a été bien occupée et riche en émotions. De jolies émotions d'abord, parce qu'elle a marqué la naissance de ma nouvelle petite nièce, arrivée dimanche passé. Une jolie petite boule d'amour que je me réjouis d'apprendre à connaitre un peu plus ! Ses cousins étaient tout contents de la découvrir : "Oh, elle bouge un peu ses pieds !" - "Oh, elle a bâillé !" n'arrêtait pas de s'exclamer le P'tit Loup. Ils ont aussi été impressionnés par ses minuscules mains, ses minuscules pieds, et je me suis pour ma part demandé si vraiment mes garçons avaient un jour été si petits. Dix et sept ans plus tard, ça parait incroyable.

 

 

Du coup, je garde à nouveau la gentille petite chienne de ma sœur, le temps qu'elle se remette un peu de la fatigue de l'accouchement. C'est tellement facile de s'occuper de ce petit toutou, tout tranquille, patient et bien élevé - et heureusement d'ailleurs, car j'ai l'impression de n'avoir pas arrêté de faire des allers-retours dans toutes les directions pendant toute la semaine, ce qui me laissait épuisée chaque soir.

 

 

J'ai fait plusieurs remplacements dans les écoles primaires de la région, une heure par-ci, deux heures par-là, parfois une journée entière. Depuis le mois de mai, j'en ai eu assez régulièrement. Ça a fait un drôle de changement de rythme pour moi et a demandé quelques ajustement pour les enfants : comme je devais parfois partir avant eux, je leur ai donc demandé, pratiquement pour la première fois de leur vie, de fermer la porte à clé derrière eux. Eh bien, les quelques premières fois, j'ai retrouvé la porte non seulement pas fermée à clé, mais pas fermée du tout ! Heureusement, on habite dans un petit village - ça n'a pas eu de conséquences.

 

 

Ça m'a fait du bien de travailler un peu, je me suis sentie utile, active, j'ai eu l'impression d'enfin faire quelque chose. Après tant de temps passé sur l'écriture de mon travail de master, puis des mois à me trainer entre deux postulations laborieusement rédigées, ça m'a remonté le moral et aidé à reprendre un peu confiance en moi.


 

Et d'ailleurs, j'ai finalement obtenu un entretien avec la directrice d'une école de langues ! Ça faisait suite à une candidature spontanée envoyée la semaine précédente - je n'aurais jamais cru que ça allait marcher. Elle m'avait prévenue dans son e-mail qu'elle n'avait pas de poste disponible pour le moment, mais qu'elle aurait probablement besoin de quelqu'un pour des remplacements cet été. Encouragée par ce résultat positif, j'ai envoyé un mail à une autre école... et là aussi, on m'a répondu qu'on aimerait bien me rencontrer, et que j'aurais peut-être l'occasion de faire quelques remplacements. J'avais à peine répondu que je serais ravie de venir à l'entretien que j'ai eu un appel d'une de leurs enseignantes : elle sera en arrêt pour accident et aura besoin que je la remplace toute la semaine prochaine !

 

 

Après un nombre incalculable de "malgré vos compétences indéniables...", c'est fou ce qu'un "je serais heureuse de vous rencontrer" fait du bien. Et même si ce n'est que le début, même s'il n'y a encore rien de définitif et que c'est encore un peu la galère pour savoir comment faire avec les enfants - pas de mode de garde pour le moment - j'ai enfin l'impression d'approcher du bout du tunnel. Bientôt, peut-être, j'aurai "comme tout le monde" un job fixe, avec un horaire fixe et un salaire fixe, des collègues, une routine, des vacances rémunérées... je rentrerai enfin dans les cases quand je remplirai un formulaire, et je n'aurai plus l'angoisse du "et toi, tu fais quoi dans la vie ?". 

 

 

Franchement, pour le moment c'est tout ce à quoi j'aspire.