lundi 30 mars 2020

Petits miracles du confinement

Je ne vais pas mentir, quand les écoles ont fermé et que le Conseil fédéral a commencé à nous demander de rester autant que possible à la maison, j'ai d'abord cru que je n'allais jamais m'en sortir. Rester enfermée chez moi avec mes sales gosses et mon mari me paraissait... comment dire... un peu comme la pire chose qui pouvait m'arriver. Entre les cris des uns, les pressions de l'autre pour que j'avance à tout prix dans mon mémoire, le stress engendré par la psychose due au coronavirus, le compte des personnes atteintes et des morts, les mesures de plus en plus strictes...

Non. Impossible. J'aurais souhaité ne pas avoir d'enfants, ne pas avoir de mari, être seule chez moi pour pouvoir me terrer dans mon lit, angoisser et ressasser mes idées sombres. Si j'avais pu, j'aurais voulu m'endormir et me réveiller six ou sept semaines plus tard, quand tout serait derrière nous. Enfin, peut-être.

Oui, ça n'allait pas très fort.

Et puis le temps a passé. L'angoisse a diminué petit à petit. J'ai commencé à apprécier certains aspects de cette situation, comme les sorties en forêt avec les enfants. Les bricolages. Le pain fait maison.

Enfin, au début de la semaine passée, j'ai décidé qu'on allait se reprendre en mains. J'ai ressorti un petit tableau noir qu'on n'utilisait plus depuis pas mal de temps, ai inscrit la date du jour tout en haut et ai appelé mes enfants. Ensemble, on a préparé un programme pour la journée. Le programme de nos journées, à présent, du lundi au vendredi.

Programme familial des journées de « confinement »

Le matin, c'est école à la maison pour les enfants (avec leur papa), travail sur mon mémoire pour moi. On fait trois sessions de 45 minutes, avec un quart d'heure de pause entre elles. Deux heures et quart de travail efficace par jour, c'est un bon départ.

Après le repas, une fois que la table est débarrassée et la cuisine rangée, on a réussi à instaurer un temps calme. Ça paraît peut-être banal ou évident pour certains d'entre vous, mais chez nous c'était loin, très loin de l'être. Là, on installe chaque enfant dans une pièce différente (un dans la chambre, l'autre au salon), avec comme consigne de lire ou de faire un dessin. Seules ces deux activités sont autorisées ! On met une minuterie d'une heure... et on va se reposer, nous aussi, dans notre chambre. Ça marche plutôt bien, à mon grand étonnement.

Ensuite, c'est le moment d'une activité en famille. On fait de la pâtisserie, un bricolage ou un jeu de société. C'est un très chouette moment ensemble, un petit moment de plaisir retrouvé... Ça fait du bien. En général, le week-end, c'est difficile de motiver les enfants à faire quoi que ce soit : ils ne pensent qu'à jouer à leur console ! Là, comme c'est dans le planning, ils acceptent volontiers l'activité. Mieux, ils la réclament ! On a déjà fait un moelleux au chocolat, une décoration avec des perles, des petites cartes de vœux avec de la peinture...

Coccinelles, une jolie idée trouvée sur Pinterest

Après l'activité, c'est l'heure de la sortie. On a la chance de pouvoir aller en forêt, ou sur des petits chemins de campagne où on ne croise pas grand-monde. On fait donc un tour tous les jours, sauf quand il fait vraiment trop froid ou trop moche.

Pour finir, les enfants ont droit à un temps libre... En général, ça veut dire qu'ils se ruent sur leur tablette. En temps normal, ils n'ont droit aux écrans que le week-end, mais on a décidé d'être un peu plus souples. Ils ont donc droit à une heure de tablette... mais pas à la console. Ça, c'est toujours uniquement le week-end !

Pervenche en forêt

Et il me semble que peut-être, doucement, on retrouve un petit peu d'harmonie, un équilibre. On prend du plaisir à être ensemble. Je prends du plaisir à être avec mes enfants, ce qui n'a de loin pas toujours été le cas. On a vécu pas mal de passages difficiles, où il me semblait que notre vie n'était que cris, pleurs, frustrations, refus, chantage et fatigue. Petit à petit (pas seulement depuis le confinement) les choses semblent enfin être en train de changer... Il y a quelques petites lueurs d'espoir. Des rires. De bons moments partagés.

Espérons que ça dure.

jeudi 26 mars 2020

[Bullet Journal] Gerbes de fleurs dans des cages à oiseaux

Quand j'ai choisi le thème du mois de mars de mon bullet journal, il faisait encore froid, mais le printemps commençait déjà à pointer le bout de son nez... Et après un mois dans des tons froids et une ambiance hivernale, j'avais besoin de couleurs, de fleurs et de chaleur ! J'ai fait le bon choix, vu la situation actuelle... mon bujo, c'est un petit bout de bonheur que j'ai tous les jours sous les yeux.


Ce sont donc de belles gerbes de fleurs roses dans des cages à oiseaux suspendues qui se sont mises à envahir mon bullet journal, inspirées au départ par cette image (j'ai essayé d'en rechercher la source originale, mais impossible). Sur la page de titre, le monceau de fleurs et la cage à oiseaux prennent presque tout l'espace. J'ai décidé de faire mon habituel calendrier en tout petit sur la page de gauche, car je me rends compte que j'ai rarement plus de deux ou trois événements à y inscrire sur un jour, et que cette taille suffit donc largement.


Arrive ensuite un page sur laquelle je peux faire le suivi des avancées de mon travail de master. Cette fois-ci, j'ai séparé la double page en quatre parties : une pour les avancées (chaque jour où j'ai travaillé, je note en quelques points ce que j'ai fait, où je me suis arrêtée), une pour les idées à creuser (pour noter les trucs qui me passent par la tête et que je devrai peut-être faire plus tard), une pour la méthode et les décisions (par exemple, si je décide d'appliquer une certaine méthode pour traiter les données, etc...) et la dernière partie pour noter les lectures que j'ai faites.


Je n'ai photographié que ma première semaine, puisque les autres n'existaient pas encore au moment où j'ai pris les photos, mais les autres sont assez similaires. Toujours les mêmes dessins, de petites cages suspendues chargées de jolis bouquets de fleurs roses. La première semaine, j'avais laissé un petit espace en bas pour d'éventuelles notes, espace que je n'ai pas reproduit les semaines suivantes.

En postant ces photos, j'avais bien envie d'essayer de faire une petite vidéo pour montrer comment je m'y prends pour dessiner ces jolies gerbes de fleurs... est-ce que cela vous intéresserait ? Et pour celles d'entre vous qui ont un bujo, quel est votre thème ce mois-ci ?

vendredi 20 mars 2020

Science-fiction

On se croirait dans un film d'anticipation.

L'armée suisse n'a jamais été autant mobilisée depuis la seconde guerre mondiale. Avant les infos à la radio, à certaines heures, une voix sinistre s'élève : "Message du Conseil Fédéral. Restez chez vous ! Sauf, si vous allez faire les course. Sauf, si vous allez à la pharmacie. Sauf..." L'ennemi invisible rôde autour de nous, dissimulé derrière des gens d'apparence normale... peut-être est-il même déjà en nous, sans que nous le sachions. Wikipedia fait en temps réel le compte des cas avérés, le compte des morts, par pays, par région. Et chaque jour, ce ciel bleu éclatant et ce soleil radieux.

Notre monde tourne au ralenti. La plupart des commerces sont fermés, à la télé ou sur les blogs, on voit les avenues des grandes villes complètement désertes. Les enfants reçoivent du travail scolaire par internet, qu'on peut imprimer. Je me demande comment on fera quand on n'aura plus d'encre dans l'imprimante, puisqu'on ne peut plus en acheter. Je me demande comment font ceux qui n'ont pas d'imprimante.

En Suisse, on n'est pas strictement confinés. On peut sortir, un peu. Comme on habite un village, on peut facilement se balader en forêt sans croiser personne. Ou au bord du canal, en croisant un peu plus de monde. Mais on peut maintenir les distances de sécurité, alors je suppose que ça va... On évite quand même de sortir trop souvent.

Depuis que l'école a fermé, on a quand même réussi à faire deux ou trois petits trucs positifs.

  • D'abord, je me suis remise à faire du pain. J'ai une machine, alors ce n'est pas un grand exploit, même pas besoin de pétrir. Par contre, je ne programme que la préparation de la pâte, et je le cuis ensuite au four. C'est quand même meilleur comme ça. Hier matin, j'étais très fière de la jolie croûte croustillante de mon pain, et de la mie pour une fois assez cuite. Il était juste un peu biscornu, mais ça faisait tout son charme.
  • On a réparé la chaise du P'tit Loup, sur son initiative. C'est une chaise pour enfants, qu'on peut mettre à différentes hauteurs. Et une des barres horizontales du dossier tournait sur elle-même, puisque les petits éléments de bois supposé l'éviter étaient cassés à l'intérieur. On a dévissé le tout, remplacé les p'tits machins, revissé, et le tour était joué.
  • On a fait des biscuits... de Noël ! Quand j'ai proposé à Grand Loup de faire un peu de pâtisserie, il a réclamé des petits milanais... qu'on fait traditionnellement plutôt en période de l'Avent. Soit ! Ils sont faciles à faire, et plutôt ludiques, avec leurs jolies formes. On a donc fait une fournée de milanais.
  • J'ai aussi nettoyé en grand l'étagère que l'on a dans la cuisine, y compris tout en haut, derrière le micro-ondes et derrière le carton du four à crêpes et du cuiseur à vapeur, où la poussière à tendance à s'accumuler... Elle est étincelante.
Et chez vous, comment est-ce que cela se passe ?

dimanche 15 mars 2020

Vous avez dit virus ?

C'est tellement étrange, les écoles fermées, les cinémas aussi, les réunions de plus de 100 personnes interdites. Ce week-end, il faisait bon, on est allé se promener. Samedi, en forêt, on n'a croisé qu'un homme qui faisait du jogging. Nous, on a dessiné un cœur en pives et épines de pin, et construit des petits bidules avec des bouts de bois.


Le matin, on était allés faire les courses normalement, sans les enfants. Il y avait du monde au supermarché, mais les rayons étaient encore remplis. Sauf celui des pâtes, bien entamé. Et il était 9 heures du matin. Au marché, c'était comme d'habitude. Je crois. Sauf que certains maraîchers portaient des gants de chirurgien. J'ai acheté mes carottes, mes endives, mes champignons, mon brocoli, en essayant de ne pas trop me coller aux gens.


Aujourd'hui, dans le village, beaucoup de familles étaient sorties se promener. Nous aussi. On se croise, on se salue, on ne se mélange pas. Mais ça ressemblait à un dimanche normal en somme. Il y a juste un je-ne-sais-quoi d'étrange qui flotte dans l'air, et une idée unique, comme un nuage qui tourne autour de toutes les têtes : coronavirus, coronavirus, virus, virus...


Il y a une semaine encore, j'avais croisé une copine au magasin en vrac et on s'était fait la bise en riant, affirmant qu'on n'avait « pas peur ». En une semaine, beaucoup de choses ont changé.


Je ne sais pas trop ce que je ressens face à tout ça. Vendredi, je l'avoue, une espèce de panique vague et irraisonnée s'emparait de moi. Une crainte diffuse, pas pour moi, pas pour mes enfants, puisqu'il parait que les enfants son peu touchés, et qu'on est plutôt en bonne santé. Mais pour les autres. Je pensais à mes parents, à ma grand-mère. Mes beaux-parents tout là-bas, dans un pays où il vaut mieux ne pas avoir besoin de respirateur artificiel si on n'a pas les moyens de payer une clinique privée. Je pensais même aux autres, à tous ces gens que je ne connais pas, qui risquent de souffrir, de mourir peut-être. Chaque mort, c'est quelqu'un qui perd sa mère, son frère, sa tante, son mari. Ce n'est pas parce que je ne les connais pas que ce n'est pas triste.


D'un point de vue un peu plus philosophique, par contre, cette situation est plutôt fascinante. Notre société va devoir ralentir. Et ralentir, c'est bien. Pendant un temps, pas de shopping irraisonné, pas de voyages en Thaïlande ou de week-ends à  Barcelone. On oublie les gros événements et on reste en famille. En petits comités. C'est bien, mais c'est aussi inquiétant. Quel impact est-ce que ça aura sur l'économie ? Les petits commerçants, toutes les personnes qui travaillent en indépendant... comment vont-ils s'en sortir ? Et puis, les gens... Nous, on est quatre à la maison. Et ceux qui vivent seuls ? Ces fameuses "personnes vulnérables", est-ce qu'elles ont quelqu'un pour s'occuper d'elles ?


Cette situation est inquiétante, étonnante, presque irréelle. En tout cas, tout à fait inédite pour moi, et la plupart des gens ici. On va s'en sortir, oui, sûrement. J'espère en tout cas que toutes ces mesures auront l'effet escompté, que les gens respecteront les consignes, que les services de santé ne seront pas surchargés, et que dans quelques mois la situation retournera un peu à la normale...

jeudi 5 mars 2020

Cette fois-ci, c'est son pied !

J'entends souvent des parents se plaindre que depuis qu'ils ont des enfants, ils sont en quelque sorte abonnés aux microbes en tout genre, et que les rendez-vous chez le médecin s'enchainent. Les miens ne sont quasiment jamais malades, il faut croire qu'on a de la chance ! Par contre, ils se sont déjà blessés plusieurs fois... Dernier passage aux urgences en date : ce lundi, avec mon Grand Loup.

Dimanche, nous fêtions en famille élargie l'anniversaire de ma grand-maman au restaurant (elle a eu 92 ans le 29 février !), et pendant que les adultes attaquaient enfin le plat de résistance (après les amuse-bouches et l'entrée), les enfants jouaient à se courir après sur la terrasse. A un moment, Grand Loup est rentré... il n'est pas tout de suite venu vers moi, mais faisait une drôle de tête et s'est assis tranquillement à sa place. Quand enfin il est venu me dire qu'il s'était fait mal, j'ai retiré sa chaussette pour découvrir un énorme bleu qui s'étendait sur presque tout le flanc de son pied gauche. Apparemment, il s'était pris le pied dans une grille, et était tombé...


Manque de chance, il était justement supposé partir en camp de ski avec l'école le lendemain... Je déteste avoir à prendre ce genre de décision (l'envoyer, ou pas ?), c'est toujours très difficile pour moi. J'ai toujours du mal à accepter que les choses ne se passent pas comme prévu. Et dans ce cas, j'étais triste pour pour fils, qu'il ne puisse pas se rendre à son tout premier camp de ski, la toute première fois qu'il aurait passé une semaine loin de nous, avec les copains. Il marchait en boitillant un peu, mais il marchait, il avait un peu mal, mais il bougeait les orteils sans problème. Finalement, ça faisait quand même trop mal pour pouvoir skier. Et il est donc resté à la maison.

Lundi, après un appel au service médical (avec notre assurance, on a un système de "télémédecine", qui nous permet de définir un rendez-vous téléphonique avec un médecin, d'envoyer des photos par une application, et d'avoir des conseils par téléphone), puis un essai infructueux de contacter le cabinet du médecin du village, je me suis résolue à l'emmener aux urgences. Entre temps, le Grand Loup était allé à l'école (dans une classe de plus petits, qui ne partaient pas en camp), marchait en boitant de moins en moins, courait même pour aller d'un endroit à l'autre.

J'avais un peu peur qu'on passe des heures aux urgences, comme la dernière fois, mais c'est allé très vite : moins de deux heures plus tard, nous étions ressortis. La pédiatre lui a posé quelques questions, puis l'a envoyé faire une radio. De retour vers le médecin, elle nous a dit qu'elle ne voyait pas de fracture, et qu'il n'y avait donc rien de spécial à faire, sauf lui donner des antidouleurs au cas où il avait trop mal et attendre que ça passe. Elle a quand même précisé qu'un orthopédiste vérifierait les radios le lendemain, au cas où elle aurait raté quelque chose.


Rassurés, on est donc rentrés à la maison. Cette aventure m'avait toutefois épuisée. Moi qui étais supposée passer ces quelque jours en tête à tête avec mon petit Loup (mon mari est parti en vacances jusqu'à aujourd'hui, et le Grand Loup aurait dû aller en camp), j'avais au lieu de ça dû trainer les deux gamins à l'hôpital, lire une BD dans la salle d'attente, empêcher le petit frère de se blesser à son tour en faisant des culbutes sur le lit d'hôpital pendant qu'on attendait le médecin, lui donner un bout de pain car évidemment il s'était mis à mourir de faim juste au moment où la pédiatre essayait de savoir comment l'accident s'était passé...

Le lendemain, en fin d'après-midi, j'ai reçu un coup de fil de l'hôpital. C'était une orthopédiste, qui avait vérifié la radio du pied du Grand Loup... et y avait trouvé une fracture ! Apparemment, ce n'est pas très grave, car l'os est resté en place. Il n'a pas eu besoin de retourner à l'hôpital, ni d'immobiliser son pied, mais il a eu droit à un arrêt de sport d'un mois. On recevra le certificat médical par la poste...

Maintenant, le vrai challenge va être de l'empêcher de galoper pour aller d'un endroit à l'autre et d'éviter qu'il ne se fasse mal en jouant à la place de jeux. Heureusement, il est moins casse-cou que son petit frère, mais quand il s'était cassé le doigt, il s'était vite remis à jouer exactement comme avant, oubliant son bandage, qui avait fini dans un drôle d'état. Et cet après-midi, je l'ai vu dévaler les escaliers à toute vitesse, puis par la fenêtre, je l'ai aperçu qui courait avec son petit frère pour aller à l'école.

Ah, les enfants... ils sont peut-être souvent malades (pour certains), mais ils sont résistants !