vendredi 4 septembre 2020

J'ai retrouvé mon fil

- Grand Loup, avant de partir, prends toi-même un goûter pour toi, et un pour ton petit frère... P'tit Loup, je t'en prie, va mettre tes chaussures !

Il est 8 heures moins 10. Nous sommes jeudi matin, les enfants s'apprêtent à partir à l'école. Moi, je suis assise à la table du petit déjeuner... d'où je n'arrive plus à me relever. Un peu plus tôt, j'ai fait un faux mouvement et crac ! j'ai senti mon dos se bloquer. En poussant des gémissements, je suis venue rejoindre mes enfants à table. Je n'arrive pas à tendre le bras pour attraper le pot de confiture, j'ai mal dès que je tente de changer de position, tourner la tête est une horreur, et je me demande si je réussirai à me relever un jour.

 

 

C'est la semaine entière qui a été terrible. Je l'ai commencée avec une cystite (aïe, ça brûle, ça fatigue, c'est extrêmement désagréable) pour laquelle j'ai eu droit à des antibiotiques. En même temps, je commençais à attraper le rhume de mes chers bambins, qui l'ont eu chacun à leur tour la semaine passée. Si ça a duré à peine plus d'une journée pour eux, j'ai eu pour ma part beaucoup, beaucoup plus de mal à m'en remettre... Ce n'est qu'aujourd'hui (vendredi !) que ma tête est enfin libérée de l'étau qui l'enserrait. Et pour couronner le tout : j'avais mes règles ! Inutile de dire que j'ai été patraque pendant toute la semaine et que j'ai tout laissé trainer - vaisselle, ménage, mémoire...

Il y a aussi de (gros) soucis du côté de mon beau-frère qui ont pesé, ajoutant un bonne dose de stress... D'autant que j'ai m'occuper des enfants toute seule, leur papa étant allé soutenir son frère à Paris pendant ces moments difficiles.

Beaucoup de fatigue, beaucoup de stress, peu de travail effectué, quelques cris et énervements avec les enfants... mais étrangement, pas de déprime. Je dis « étrangement », parce qu'une semaine comme ça aurait sans doute été un enfer il y a une année. J'aurais été désespérée, j'aurais broyé du noir, j'aurais eu envie d'envoyer mes enfants en pension ou qu'on m'enferme moi - à l'asile. 

Mais là, non. 

 


Ça n'a pas été facile, loin de là, mais je n'ai pas ressenti ce profond désespoir, cette chape de plomb qui pesait sur mes épaules. J'avais envie de dormir, mais pas de m'enfuir avec un aller simple sur une île déserte. J'ai un peu crié sur mes enfants, mais j'ai même su me maîtriser un soir où ils ne s'endormaient pas pour leur faire faire un peu de méditation. Enfin, j'ai été reconnaissante que ma maman vienne s'occuper des enfants hier soir, qu'elle fasse un peu de vaisselle et ramasse les legos qui trainaient dans le salon, mais j'ai réussi à aller à la séance de parents malgré le dos encore un peu bloqué, les sinus bouchés et le mal de tête qui s'installait. 

Il y a un an, j'aurais sûrement appelé ma maman beaucoup plus tôt, et j'aurais passé ma soirée dans mon lit à pleurer.

J'ai changé. J'ai guéri. Je crois. C'est étrange et c'est bon et ça rend léger de s'en rendre compte. Étrange, parce que quand j'étais en train de le vivre, je ne me rendais pas compte à quel point j'allais mal, à quel point cette situation n'était pas normale.

Peut-être bien que j'ai retrouvé mon fil, celui que j'avais perdu. Peut-être bien pour de bon, cette fois-ci.


14 commentaires:

  1. Oh, pauvre toi, quelle rentrée!

    Je reconnais un peu ce sentiment d'avoir retrouvé le fil. Il y a eu une période de ma vie où je me suis vue pleurer parce que j'avais accidentellement écrasé du pain que je venais d'acheter, où chaque petite contrariété ou souci était une montagne insurmontable à franchir. Pis depuis pas mal de temps, ça va beaucoup mieux, les ennuis m'ennuient mais ne me terrassent pas. On sent quand on va mieux.

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    1. Oh la la, oui je connais bien ça aussi. Un simple verre renversé pouvait me faire pleurer, et la simple idée de devoir faire à manger me donnait envie de m'enfouir dans mon lit et d'y rester jusqu'au lendemain. Heureusement que ça va mieux, tant pour toi que pour moi ;)

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  2. Malgré la cystite, le rhume, le dos bloqué, la fatigue, vous tenez le coup dans le sens où vous ne vous sentez pas débordée, démunie, perdue, au fond du trou et je me réjouis de cette bonne nouvelle du fil retrouvé. Nous disposons de ressources insoupçonnées, nous devons prendre soin de nous afin de pouvoir les mobiliser si besoin.
    Je confirme qu'on peut tout à fait ne pas savoir qu'on va mal, on est parfois si englué dans une situation, nos pensées, qu'on ne voit aucune façon de faire autrement, on n'y pense peut-être même pas, tellement occupée à tenir debout et assurer le minimum car les enfants sont là et ils doivent être nourris, avoir du linge propre et à leur taille, aller à l'école, dormir... et nous aussi. Il peut nous arriver de vivre comme une sorte de robot en essayant de ne plus ressentir quoi que ce soit. Et puis, un jour, on s'écroule car on n'en peut plus. Cela m'est arrivé en 2000, à 43 ans, et petit à petit, j'ai appris à prendre soin de moi et aujourd'hui j'aime la vie, ce qui , je m'en rends compte à l'instant en l'écrivant, ne devait pas être vraiment le cas précédemment.
    Je vous souhaite un bon week-end et d'apprécier tous les jolis petits moments qui se présentent.

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    1. C'est exactement ça, on ne voit pas à quel point ça va mal, tellement on est absorbé par le présent et bien obligé de traverser les jours tant bien que mal... Je suis contente de savoir que vous avez réussi à dépasser ces épreuves et que retrouver une vie plus légère est possible !

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  3. quel courage !! quel plaisir de vous savoir malgré tout en meilleure état que l'an dernier !
    Je souhaite que les soucis de votre beau frère ne soient que passagers..
    Je vous souhaite de profiter longtemps des bienfaits de vos vacances à la montagne pour affronter les petites et les grandes difficultés de l'année à venir

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    1. En ce moment, c'est de nouveau un peu difficile, mais ça va passer, enfin je l'espère. Ça va quand même mieux qu'avant, parce que j'ai amorcé beaucoup de changements radicaux.

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  4. Je me réjouis pour vous, en espérant que le frère de votre mari, lui se rétablisse rapidement.

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    1. Il est dans une situation un peu délicate lui aussi, mais je crois que ça va déjà beaucoup mieux.

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  5. Je suis bien contente pour toi de cet état de bien-être que tu ressens. Mais rassures-toi, qu'il y ait des hauts et des bas est tout à fait normal. Simplement, les bas ne sont plus aussi bas qu'avant et c'est plus facile.

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    1. Oui, j'imagine bien qu'il y aura encore des hauts et des bas... Merci :)

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  6. c'est plutot un bon bilan au final alors, sur toi même! par contre, j'espère que tu vas beaucoup mieux niveau santé, et que rien ne soit trop grave pour le frère de ton époux !!
    grosses bises

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    1. La santé va beaucoup mieux, mais la fatigue et la lassitude se réinstallent... Ça ne devrait être que passager, enfin j'espère.

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