samedi 9 mars 2019

Février sans supermarché - Bilan

Le mois de février est derrière nous, et le défi sans supermarché a officiellement pris fin. C'est donc l'heure de proposer un petit bilan de notre expérience, et de réfléchir à la suite.

Le stand de fromages au marché de Neuchâtel


Pourquoi un mois sans supermarché ?


Mais en fait, pourquoi avoir voulu suivre ce défi ? Il y a probablement autant de motivations différentes à s'éloigner des supermarchés que de participants au challenge - des motivations écologiques et sociales pour la plupart, mais peut-être aussi d'autres choses. Voilà les plus importantes pour moi :

- Réduire les emballages, et surtout le plastique - Ça fait un moment qu'on essaie de réduire nos déchets. Je vois de plus en plus l'aberration qu'il y a à produire du plastique pour le jeter quelques jours plus tard, ou même à produire de l'alu pour le recycler peu après... et côté pratique, ça m'évite des aller-retours en voiture vers la déchetterie, et comme on paie une taxe sur les sacs poubelles, pour tout ce qui n'est pas recyclé, j'économise aussi un peu d'argent.


- Soutenir les petits commerçants du coin - Il y a une petite épicerie, un boucher, un salon de coiffure et une fleuriste dans mon village d'un millier d'habitants ; la boulangerie a fermé il y a quelques années (avant notre arrivée ici) quand le dernier boulanger a pris sa retraite. J'espère que ceux qui sont encore là y resteront encore longtemps : c'est tellement pratique de pouvoir aller vite chercher l'ingrédient qui nous manque pour le repas du soir, d'acheter le pain le matin sans devoir prendre la voiture, d'avoir de la viande fraiche sur place... Et pour qu'ils puissent continuer à garder leur commerce, il faut qu'ils aient des clients.

- Acheter plus local - J'habite dans le Seeland, une région où on cultive beaucoup, beaucoup, beaucoup de légumes. Ce serait plutôt idiot de manger des carottes qui viennent des Pays-Bas ou des courges qui viennent de France, non ? Bon, pour les avocats et les oranges, on fait une exception...

- Faire d'une corvée un moment agréable ! - Ça, je l'ai découvert au mois de janvier, quand j'ai commencé à aller au marché tous les samedis. Plutôt que de passer une heure au supermarché, de n'y éprouver aucun plaisir et donc en quelque sorte de soustraire cette heure à ma vie, je vais passer 1h30 ou 2h au centre-ville, à passer un bon moment et à garder ces 90 ou 120 minutes dans les moments positifs de ma vie. Je considère généralement mes enfants comme spécialement pénibles, à toujours hurler et à ne jamais être d'accord avec rien, mais vraiment, au marché, ils me suivent sans ronchonner, jouent, reçoivent des carottes... Bref, ils sont heureux.

D'accord, ici ça vient d'Italie et d'Espagne, pas très local. J'ai quand même acheté de la coriandre en attendant que pousse celle qu'on a semée dans un pot sur le rebord de notre fenêtre.


- Être plus conscients de nos dépenses et éviter les tentations - Depuis que j'ai fait un grand tri de mon appartement façon Marie Kondo, j'essaie d'éviter d'y faire entrer tout ce qui n'est pas indispensable. J'achète peu de vêtements, je n'achète pas de déco, j'essaie de convaincre mes enfants qu'ils ne seront pas plus heureux avec des tas de jouets en plastique (ça, c'est dur) et côté alimentation, j'essaie d'éviter de laisser les aliments pourrir dans le frigo ou dans le panier à fruits. Ce qui m'aide beaucoup, c'est de planifier les repas. J'achète ensuite juste les quantités nécessaires pour la semaine. Au supermarché, on est toujours tenté par les promos, les prix baissés pour les aliments à consommer jusqu'au lendemain, etc. Et résultat, on achète souvent plus que nécessaire, et au final, on dépense davantage.

Pour moi, il est aussi de plus en plus important de faire des choix, et d'être consciente de ce que je fais. Est-ce que je préfère me faire plaisir avec cet avocat, ou me rappeler que la culture de ce fruit pose tout un tas de problèmes dans son pays d'origine ? Est-ce que je veux continuer à manger de la viande tous les jours, ou y renoncer quelques jours par semaine pour des questions écologiques et économiques ? Est-ce que j'achète un aliment vendu à -50% dans une grosse barquette en plastique, ou est-ce que je choisis de payer un peu (voire beaucoup) plus cher pour le même produit, local et sans emballage ?

Ma réponse à ces questions varie selon les jours, selon mes envies, selon comment je conçois notre situation financière à un moment donné. Je ne suis pas parfaite, loin de là, et je craque souvent pour l'option "pas raisonnable". Mais ce qui est important pour moi, c'est d'être consciente que c'est un choix que je fais, et dans une certaine mesure des implications de ce choix. Ça ne fait pas si longtemps que je pense comme ça - j'étais à des années-lumières de ces questions quand nous habitions à l'Ile Maurice et qu'il ne nous restait presque plus rien une fois le loyer, la crèche et les courses payés, ou même quand on venait de rentrer en Suisse et qu'on n'avait pas de (vrai) travail. C'est venu petit à petit, et ce sont des questions que je me pose de plus en plus.

Résumé des points positifs


- Acheter des produits frais et locaux
- Moins d'emballages, et donc moins de sacs poubelles à jeter
- Discuter avec des commerçants sympas pendant les courses
- Éviter les tentations et les dépenses inutiles
- Contribuer à la vie de mon village
- Créer des souvenirs agréables à mes enfants

Mais il y a bien sûr aussi quelques aspects négatifs...


- Les prix élevés de certains produits
- Certains produits sont difficiles à trouver hors des supermarchés, comme le papier toilette
- Les courses peuvent prendre pas mal de temps si on doit se rendre à différents endroits
- Cela demande une certaine organisation pour s'assurer qu'il ne manque rien
- Les petits commerces ont en général des horaires d'ouverture un peu plus restreints (fermés à midi, par exemple), mais en même temps, ils sont souvent ouverts le dimanche matin (ce qui n'est pas le cas des supermarchés en Suisse)

Je suis tombée amoureuse de ces belles carottes multicolores ! J'en achète chaque semaine.

L'aspect financier


Nous n'avons pas tenu de carnet de comptes, et je ne peux donc pas vraiment comparer avec un mois "normal". Mais je n'ai pas l'impression qu'on ait dépensé plus, et ce surtout pour une raison : nous avons consommé moins ! Nous avons acheté juste les quantités qu'il nous fallait, n'avons pas acheté de boîtes de biscuits, de plaques de chocolat, ni fait de réserves à l'infini de conserves en tout genre, ne nous sommes pas laissés tenter par trop d'à-côtés (chewing-gum, jouets, magazines, etc.). Nous ne nous sommes pas privés pour autant : au marché, nous avons acheté des petits pains ou des olives comme goûter pour les enfants, par exemple.

Alors certes, si nous étions encore à la période où nous achetions uniquement les produits les moins chers du supermarché, cela aurait sans doute fait une différence. Mais pas vraiment avec notre manière récente de consommer.

Ce que je vais continuer à faire


Cela fait une semaine que le défi est fini, et je n'ai pour ma part toujours pas remis les pieds dans un supermarché - contrairement à mon mari qui, lui, était soulagé d'avoir l' "autorisation" d'y retourner.

Je pense que je vais continuer autant que possible à aller à la boulangerie, chez le boucher, à l'épicerie du village, à l'épicerie en vrac, au petit magasin indien... Les courses du samedi au marché sont une habitude désormais bien installée, et je n'ai aucun envie de revenir en arrière.  Je crois qu'en été, il y a aussi un petit marché dans le village à côté du mien, les mercredis. Pas loin d'ici, il y a aussi des champs où on peut cueillir des fraises ; en automne, on peut acheter des courges au bord de la route.

Cet été, j'aimerais aussi faire le plus possible de confitures (avec les fraises cueillies par nos soins), et peut-être aussi des conserves de tomate - mais on verra si je le fais vraiment ou si ça reste un rêve pieux. Parce que je me connais, je suis souvent pleine de bonnes intentions, mais ce n'est pas toujours si facile de les réaliser. Dommage qu'on n'ait pas de jardin, j'aimerais bien pouvoir planter des courgettes, des carottes, des tomates...

On ira au supermarché pour acheter certaines choses (le papier toilette, du jus de fruits, de la sauce andalouse (mon péché pas si mignon que ça), du saumon et du nori pour faire des sushis de temps en temps)... mais pour moi en tout cas, ce ne sera pas un réflexe. Pour mon homme, probablement un peu plus.

Et voilà ce qu'on peut en faire, ici une simple salade endive - carotte jaune.



2 commentaires:

  1. Bilan très complet ! Je suis bien d'accord avec toi, les courses au marché et dans les commerces du quartier sont bien plus agréables. Au fur et à mesure, on crée de vrais lien avec les commerçants et ça fait du bien de connaître autant son quartier !
    Par contre, je t'avoue que je suis presque triste que cette série soit finie, j'ai beaucoup aimé la suivre...
    Bisous :)

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    1. Hihi, je reparlerai sûrement de ce genre de sujets, et de nos aventures au marché ;)

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N'hésitez pas à me laisser un petit mot. Même si vous venez pour la première fois, même si vous tombez par hasard sur un ancien article. Ça me fait toujours plaisir et j'essaie de répondre à tout le monde ;)