Nous avons donc dû nous y plier et avons commencé à suivre ces "sessions". Je dis bien "sessions", pas "cours", car ici "péna zélève, péna professère, nou la pou partazer, nou tou là pou appranne".
Il y en aura six en tout, six dimanches matin de suite. Nous sommes à peu près une soixantaine, peut-être plus. On commence par chanter quelques chants d'amour chrétiens. Puis les animateurs font une petite introduction du thème du jour ("Aimer, c'est une décision", "La communication"). On se sépare ensuite en plusieurs petits groupes pour parler d'un sujet précis, avec deux animateurs (un couple marié). Cette partie est assez intéressante (j'aime bien écouter les petites histoires des autres et raconter les miennes, et ça me donne l'occasion de pratiquer mon créole ;) Ensuite, un prêtre vient nous parler, et il y a parfois de petits sketches joués par les animateurs. On termine ensuite par une prière.
La semaine dernière, le thème était "L'acte d'amour dans le mariage". En d'autres termes, les relations sexuelles. Ils ont très rapidement passé en revue les divers moyens de contraception existant (préservatif-pilule-stérilet-diaphragme-préservatif féminin-implant), avant de nous faire un long speech sur la méthode "naturelle", méthode "thermomètre". Peut-on vraiment appeler naturelle une méthode où l'on va à l'encontre de nos pulsions en s'abstenant au moment où la Nature nous dit: c'est le moment ma cocotte, tu es fertile, tu peux y aller ?
Je me le demande...
Mais le clou de la session a été sa clôture sur un film "sur l'avortement", plus exactement un film anti-avortement américain des années 80. Peut-être avez-vous déjà vu Le Cri Silencieux ?
On y voit un médecin, grosses lunettes et blouse blanche, nous montrer à l'aide de maquettes les étapes de croissance d'un fœtus. Ensuite, à l'aide de "nouvelles technologies", c'est-à-dire un écran de télé posé à côté de lui sur lequel il passe la vidéo d'une échographie, il nous montre en temps réel comment se passe une IVG. A l'aide d'images carrément floues où il suggère ce que l'on doit voir plus qu'on ne le voit vraiment, il nous montre comment le fœtus de 12 semaines est aspiré, puis comment la tête, trop grosse pour passer par le petit tuyau, est broyée et retirée à l'aide d'une pince. De manière à nous toucher un peu plus, il décrit comment la bouche du futur bébé s'ouvre dans un cri silencieux au moment où il commence à se sentir en danger. Cela se finit enfin sur des images de corps de fœtus dans des poubelles et des bocaux, ainsi que sur des visages tristes de femmes.
Effrayant au premier abord. Quand on y regarde de plus près, on se rend compte que ce clip s'apparente beaucoup plus à de la propagande qu'à un film réellement scientifique. On cherche à jouer avec les émotions ; l'image de l'échographie est affichée en grand, la maquette qu'il utilise pour mimer les gestes de l'avorteur représente un fœtus beaucoup plus grand que celui de 12 semaines. Au moment où il mime avec sa pince l'instant où la tête est attrapée, on entend un bruit sourd: clac ! Enfin, les images de bébés "avortés" à la fin du film sont beaucoup trop gros pour en être réellement. Il s'agirait d'après ce que j'ai pu lire, plutôt d'enfants morts-nés...
Bref, on peut être contre l'avortement - je n'en attendais pas moins de l'Eglise Catholique. Mais montrer en 2010 un film comme celui-ci, ni objectif, ni scientifique, à des jeunes dont beaucoup se laisseront sans doute impressionner par les images, ce n'est à mon avis pas honnête du tout.
PS: L'avortement n'est pas légal à Maurice
Mes sources:
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Je trouve ça un peu effrayant quand même ! Mais ça a le mérite de faire réfléchir et d'exercer ton sens critique ;).
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