mercredi 14 septembre 2022

La lune qui nous berce

Hier soir, les enfants étaient au lit quand il m'a semblé entendre des pleurs provenant de leur chambre. Effectivement, le P'tit Loup, 8 ans, est en larmes. Je m'approche et lui demande ce qui ne va pas.

- Ben, y a personne qui me croit ! crie-t-il entre deux sanglots.

- Comment ça ?

- A l'école, j'ai dit à mes copains que la lune était un satellite, mais ils veulent pas me croire ! Ils disent que c'est une planète ! J'en ai marre !

J'ai retenu un éclat de rire pour le prendre dans mes bras. Il semblerait que les tracas et les frustrations aient le chic pour venir nous tourmenter à la tombée de la nuit, quel que soit notre âge. Le pauvre P'tit Loup était dans tout ses états, et j'ai eu du mal à le calmer.

- Eh ben tes copains, ils en savent moins que toi. Demain, tu leur montreras ton livre sur l'espace.

On a dû chercher la page sur la lune, et il a fini par s'apaiser. Il a oublié le livre à la maison le lendemain et n'a plus reparlé de cette histoire...

jeudi 8 septembre 2022

Petites réponses

Oh les blogueuses, qu'est-ce que vous m'avez manqué ! Après quelques années de je reviens, je reviens pas, cette fois-ci pourrait bien être la bonne, mais qui sait ? Alors pour mon retour sur la toile, autant revenir en douceur et répondre aux jolies questions hebdomadaires du Dr. CaSo.

 

Quel prénom auriez-vous aimé porter?

Enfant et adolescente, j'ai souvent rêvé de prénoms « exotiques », de Prune à Elanor en passant par Ada et... Cara. Je ne sais pas si j'aurais vraiment voulu les porter, mais je les donnais aux héroïnes des histoires que j'écrivais et à mes alter egos imaginaires. Maintenant, mon prénom me va bien. C'est le mien, c'est tout. J'aime être Cara sur les blogs, et porter mon vrai prénom dans la vraie vie.

 

Avez-vous l’habitude de saluer la lune quand vous l’apercevez dans le ciel?

Je ne la salue pas, mais j'aime toujours l'apercevoir.

 

Souvenir de mes douces vacances

 

Dans quelle mesure êtes vous encore capable de parler la (ou les) langue(s) que vous avez apprise(s) à l’école?

Je comprends très bien l'anglais et ne le parle pas trop mal. Je suis capable de suivre un cours ou une série en allemand et me débrouille pour parler, même s'il me manque pas mal de vocabulaire. Quant à l'italien, appris au lycée, je ne l'ai plus pratiqué depuis bien longtemps, mais je suppose que je serais capable de réserver un hôtel, commander une pizza ou échanger quelques banalités de manière plus ou moins claire. Mais pour l'anglais, principalement, c'est surtout après l'école que j'ai beaucoup appris, entre les voyages et les rencontres, les centaines d'épisodes de séries et les milliers de vidéos YouTube regardés, et maintenant les podcasts écoutés.

 

Si l’on vous proposait une rente équivalente à un salaire modeste mais permettant de vivre décemment, arrêteriez-vous le travail qui vous permet de gagner votre vie?

Je fais enfin un travail qui me plait, alors non, je n'arrêterais pas. Par contre, ça me permettrait de le faire sans le stress inhérent à un job sans nombre d'heures ni salaire fixes, et ça, franchement, ce serait le pur bonheur.

 

Est-il nécessaire d’avoir un grain de folie pour survivre dans ce monde de fous?

La folie, en ce moment, c'est pas mon truc... Je suis tout ce qu'il y a de plus normale et banale (sans que ça ait de connotation péjorative). Après, si vous me voyiez avec mes sœurs dans nos moments de complicité-pétage-de-cable, vous pourriez bien croire que j'ai définitivement tourné la carte.

mercredi 7 septembre 2022

Le canapé

Depuis quelques jours, un nouveau canapé trône dans mon salon. Il est d'une belle couleur grise, il est confortable, on peut redresser des appuie-têtes pour mieux s'installer quand on regarde la télévision, il est solide et devrait me durer de nombreuses années.

Ça peut paraitre idiot, mais ce nouveau canapé me rend extrêmement heureuse. Pas seulement parce que cela signifie que j'ai ENFIN un peu d'argent à investir dans ce genre de choses. Pas seulement parce que mon fils passait son temps à enlever les coussins de l'ancien, qui de toute façon glissaient dès qu'on s'asseyait dessus. Non. Le sentiment de paix et de bonheur que je ressens à regarder mon canapé est bien plus fort que ça. Ce canapé est tout un symbole.

Il y a un peu plus de 3 ans, un jour de février ou mars, j'ai fait part à mon (désormais ex-) mari de mon envie d'acheter un nouveau canapé. A l'époque, on avait depuis plusieurs années un vieux machin récupéré d'un couple d'amis, qui avait déjà eu une belle et longue vie, commençait sérieusement à montrer des signes de fatigue et n'était plus d'une très grande propreté (ceci est un euphémisme) grâce aux deux petites terreurs qui me servaient d'enfants (depuis, ils ont grandi et sont moins terribles, même s'ils ont toujours parfois les mains grasses que je leur interdis alors formellement de promener près de mon magnifique canapé !).

Ça faisait des mois que je pensais à en acheter un nouveau, laissant l'idée mûrir dans mon esprit, réfléchissant au style qui me plairait le plus et serait le plus pratique. Je regardais parfois les sites de vente de seconde main en espérant trouver la perle rare, un canapé de bonne qualité vendu assez bon marché pour qu'on puisse se le permettre, car nous n'avions pas beaucoup de moyens. 

Je peux être très, très patiente pour ce genre de choses. Pour vous dire, j'ai déjà attendu une année entière avant de commander de nouveaux draps de lit. Repérée en solde, elle restait trop chère à ce moment-là et j'avais finalement renoncé à l'acheter, malgré le fait que j'avais continué à voir l'annonce pendant plusieurs mois chaque fois que je prenais mon téléphone (merci Google et les cookies), et que je mourais d'envie de l'avoir. J'avais finalement attendu l'année suivante et une nouvelle promotion sur les mêmes draps pour enfin les acheter.

That's how patient I am.

Il y a 3 ans, donc, ça faisait des mois que je rêvais de ce nouveau canapé. Que je comparais les prix. Que je pesais les options. Que j'attendais que ce soit le bon moment, financièrement parlant.

Un jour, j'en ai parlé à mon mari. On a regardé quelques possibilités sur internet, mais on n'a pas pris de décision.

Le LENDEMAIN soir, quand mon mari est rentré à la maison, il avait deux gros cartons dans le coffre. Il avait passé l'après-midi chez Ikea, sans m'en parler, et avait acheté un des canapés que nous avions vu la veille (ou plus exactement, deux canapés, un petit de deux places et un plus grand de trois places).

Je sais que ça peut paraitre anecdotique, mais pour moi, ça avait été d'une grande violence. En choisissant pour moi, il m'avait privé d'un petit bonheur (j'aime bien le shopping, mais je n'aime pas dépenser d'argent pour rien, alors quand j'ai une bonne raison d'acheter quelque chose, je suis heureuse, je prends mon temps et je savoure le processus), mais il m'avait aussi privée d'une décision importante sur la manière de dépenser notre argent et sur une chose que je verrais tous les jours à la maison...

Bien sûr, j'aurais pu protester. J'aurais pu lui demander de les rapporter et de se faire rembourser. Oui mais voilà, je n'ai pas (n'avais pas ?) ce genre de force. On a donc monté les canapés (oui enfin, surtout moi, c'est moi la bricoleuse de la famille) et on les a installés. Mais très vite, je me suis mise à détester ces canapés trop légers qui se déplaçaient au moindre mouvement, leurs coussins qui glissaient et ne restaient pas en place, les accoudoirs qui sont vite devenus bancals. Je ne m'asseyais pratiquement jamais dessus. 

Ils ne me plaisaient pas, mais surtout, surtout, ils me rappelaient ce vol de ma liberté de choix.

Alors, deux ans après avoir réussi à le quitter, quelques mois après avoir enfin trouvé un travail (à peu près) stable, je me suis autorisée à me remettre à rêver d'un autre canapé, plus beau, plus solide, plus confortable, mais surtout, choisi par moi et moi seule.

 



samedi 4 juin 2022

Je suis fatiguée

J'ai beaucoup râlé cette semaine, beaucoup crié sur mes enfants, aussi. J'étais fatiguée pratiquement depuis le lundi, et je n'ai pas vraiment réussi à savoir pourquoi. 

Bon, il y a eu le fait que mes enfants son venus à tour de rôle squatter un bout de mon lit pratiquement toutes les nuits. Le grand a regardé des vidéos sur YouTube qui lui ont fichu la trouille (un jeune youtubeur - un jeune c*n - qui prétendait entre autres que si on tape le mot "erratas" sur Google, cela permet à des espions russes d'avoir accès à toutes nos données personnelles, ou un truc dans le genre). Dans la tête de mon petit mec de 11 ans, ça sonnait très réel et ça l'a travaillé pendant plusieurs jours, jusqu'à-ce que je lui explique que c'était des bêtises (OK, j'ai omis d'insister sur le fait que Google, YouTube et compagnie connaissaient déjà nos informations et nos goûts et ne se gênaient pas pour les revendre à droite et à gauche - mais j'ai profité pour lui rappeler qu'il ne devait jamais donner son adresse ou d'autres renseignements personnels sur internet).

Il y a aussi le fait que j'ai des courbatures plutôt douloureuses sur tout le haut du dos : j'ai fait pas mal de vélo le week-end passé, et j'ai fini par sentir les conséquences de cette position, penchée en avant. Et pendant qu'on en est au chapitre des douleurs, j'ai depuis quelque temps très mal aux articulations des gros orteils quand je suis longtemps debout ou que je marche beaucoup. Or, je suis maintenant prof à plein temps et je passe donc une grande partie de mes journées debout devant le tableau. En plus, je vais au travail en train (il y a le trajet jusqu'à la gare) et je monte toujours les deux étages, au travail, à pied (et aussi, les deux étages jusqu'à mon appartement, puisqu'il n'y a pas d'ascenseur). Il faudra que je me décide à appeler le médecin, un de ces quatre.

Enfin, j'adore mon travail, mais certains jours, ça peut être assez éprouvant. J'enseigne le français langue étrangère à des adultes immigrés. J'ai des groupes de personnes qui sont envoyés par le Service de l'emploi du canton, des groupes dans une entreprise, et aussi des cours individuels (certains payés par la personne elle-même, d'autres par le Service de la cohésion multiculturelle). 

Dans les groupes du Service de l'emploi, il y a des niveaux de motivation à apprendre le français très différents selon les personnes. Certains ont presque la soixantaine, vivent en Suisse depuis plus de 30 ans et ont toujours un niveau très basique, surtout à l'écrit. Pas facile de déloger les vieilles habitudes : on peut répéter 25 fois qu'on doit dire "Je bois du café", si ça fait 35 ans que la personne en face dit "Je boire café", elle continuera à le dire comme ça, à moins d'avoir une énorme volonté à s'améliorer. Ce qui n'est généralement pas le cas, puisque ça fait 35 ans qu'elle se fait très bien comprendre comme ça.

D'autres son motivées à apprendre, mais ce sont généralement des personnes qui ont assez peu été scolarisées. Elles lisent très peu, même dans leur langue maternelle, et n'ont pas tous les réflexes que nous avons acquis depuis petits à l'école. Par exemple, comprendre la logique d'un exercice de grammaire n'a rien d'évident quand on ne l'a pas fait des milliers de fois depuis l'âge de 6 ans. Remplir un tableau à double entrées n'est pas non plus si naturel qu'on pourrait le croire. Quant à savoir ce qu'est un verbe... un sujet... et ne commencez surtout par à parler de préposition, vous les perdrez définitivement. (Remarquez, avec ce mot on perd aussi pas mal de personnes qui sont pourtant allées à l'école pendant plus de 15 ans et lisent quotidiennement des centaines d'e-mails et des dizaines d'articles de journaux, alors bon).

J'ai aussi pu constater que certaines personnes ont énormément de mal à suivre une consigne, même relativement simple. L'autre matin, par exemple, j'avais trois élèves, et j'ai dû répéter la consigne d'une petite production écrite quatre fois. Une fois devant le groupe, puis une fois personnellement à chaque participant, quand je suis passée près de chacun et que me suis rendu compte qu'ils ne faisaient absolument pas ce que j'avais demandé. C'est à ce genre de choses que je pensais en disant que cela pouvait être éprouvant.

Bon, j'ai heureusement survécu jusqu'au week-end, et je vais tenter de me reposer un peu, et surtout de me changer les idées. On a une belle sortie de prévue dimanche (j'en parlerai sûrement ici), et on fête les 8 ans de mon P'tit Loup lundi (peut-être aussi un sujet de billet). Et aujourd'hui, on ira peut-être faire un tour à la piscine extérieure pour la première fois de la saison.

samedi 28 mai 2022

Le temps libre des choix

Week-end prolongé, Ascension. Je suis seule à la maison puisque les enfants sont chez leur papa. Oui, parce que, depuis tout ce temps où je n'ai plus écrit sur mon blog, il s'est passé pas mal de choses. Entre autres événements positifs, je me suis séparée, j'ai enfin terminé mes études et trouvé du travail - j'en reparlerai sûrement si j'arrive à me motiver à continuer à écrire.


Week-end prolongé, donc. C'est chaque fois la même chose quand je me retrouve au début de quelques jours de congé avec rien de spécial de prévu : je ressens un mélange de joie d'être libre de faire ce que je veux et de stress qui me noue littéralement le ventre. Je suis tendue parce que je sais que je devrais utiliser ce temps pour faire certaines choses nécessaires (payer des factures, résoudre quelques problèmes administratifs, faire le ménage, trier mon armoire, débarrasser quelques affaires qui trainent dans le galetas), parce que je me dis que devrais profiter de ce temps pour faire certaines choses que j'ai envie de faire, parfois depuis longtemps (fabriquer enfin ce porte-bijoux avec le cadre chiné il y a quelques semaines, sortir me promener en forêt ou pourquoi pas aller visiter un musée), parce que je suis souvent fatiguée et que j'ai juste envie de me reposer, parce que je sais dès le début que je n'aurai pas le temps de faire tout cela et que le dimanche arrivera bien trop vite. 

Souvent, la simple perspective de ce temps à disposition et des choix que je vais avoir à faire sur la manière de l'occuper suffit à me paralyser, et je me retrouve, après avoir fait les traditionnelles courses du samedi matin, à me coucher dans mon lit, mon natel à la main, à regarder des idioties sur Youtube ou Facebook.

Mais il s'agissait là d'un long week-end, ce qui signifie plus de choix, certes, mais aussi plus de temps pour faire un peu de chaque activité. Alors jeudi soir, j'ai pris mon vélo pour aller faire un petit tour ainsi que prendre quelques photos, chose que je n'ai plus faite depuis très longtemps. C'est un vélo que j'ai acheté de seconde main (il faudra que je fasse un billet pour vous parler de mon amour des objets d'occasion) il y a quelques semaines et dont je suis vraiment ravie d'avoir fait l'acquisition.

Qui eût cru que les premiers animaux que je croiserais seraient... des girafes ?


J'ai dû me tenir au milieu de la route pour prendre cette photo, et c'était assez effrayant parce que l'autoroute passe tout près et que je croyais en permanence qu'une voiture était en train de m'arriver dessus à cause du vrombissement des moteurs - alors qu'en fait cette route était complètement déserte en cette fin de jour férié. Les girafes, elles, ne semblaient pas le moins du monde dérangées par le bruit... ce qui est tout à fait normal, puisqu'elles vivent dans cette haie depuis des années.


Un peu plus loin, je suis restée embusquée près d'un buisson de ronces pour photographier deux charmants petits papillons.


C'est un endroit très agréable, une petite réserve naturelle vers l'ancien bras d'une rivière maintenant devenue canal. Les papillons ont bien voulu se poser suffisamment longtemps pour que j'aie le temps de les immortaliser. J'ai aussi entendu un oiseau faire un drôle de chant que j'ai essayé de garder en mémoire, sans succès. Trois ou quatre petites notes assez lentes, que je ne me souviens pas avoir déjà entendues.


Sur le chemin du retour, je me suis arrêtée près de coquelicots. J'aime beaucoup les coquelicots, et le contraste de leur rouge éclatant sur le pastel des champs d'orge et de la colline au loin.




Je suis rentrée deux heures après être partie, plutôt satisfaite d'avoir fait cette balade, et c'est donc sans trop de culpabilité que j'ai pu regarder quelques vidéos sur Youtube plus tard - tout en retouchant ces photos puis en dessinant une nouvelle page dans mon bullet journal.

lundi 16 mai 2022

Eclipse

On m'a fait remarquer l'autre jour que ça faisait bientôt une année que je n'avais plus rien publié sur mon blog. Le même soir, on avait eu une discussion sur la lune en se demandant si elle était pleine ou pas tout à fait. La réponse était non, puisque la pleine lune a eu lieu la nuit dernière, et qu'elle s'est même terminée par une éclipse totale.



Je me suis donc levée à 4 heures du matin pour l'observer, mais on ne voyait encore rien. Le disque blanc semblait encore parfaitement rond à mes yeux pleins de sommeil. J'ai donc remis mon réveil 45 minutes plus tard, et là, waouh ! Une grosse partie de la lune avait été croquée par un mystérieux géant. J'ai essayé de réveiller mes enfants, qui m'avaient demander de le faire, mais le plus jeune n'a pas bougé d'un millimètre et son aîné a murmuré : « Je suis trop fatigué... prends des photos s'il te plait. » Je me suis donc exécutée.



Mais la lune, cette friponne, est assez vite partie se cacher derrière la colline, si bien que je ne la voyais plus par la fenêtre de la cuisine. Comme j'étais finalement très bien réveillée, j'ai donc enfilé un jean, une petite veste et pris ma voiture pour me rendre un peu plus loin, d'où je la verrais encore.



Bien que ce soit à peine à cinq minutes de chez moi, le temps d'arriver, le spectacle avait grandement changé. Les premières lueurs du soleil pointaient leur nez de l'autre côté, mais on pouvait encore observer un minuscule croissant de lune orangé au-dessus de l'horizon.



Du moins, pendant quelques minutes, jusqu'à ce que la combinaison des nuages, de la lumière du jour naissant et de l'ombre de la terre ne la fassent disparaitre pour de bon. J'ai un peu regretté de ne pas être venue là tout de suite - la lune et les lumières de la ville auraient sans doute donnée une image féérique. Je suis restée encore un instant dehors, à écouter les oiseaux emplir l'aube de leurs chants mélodieux. Ma photo préférée, parmi celles prises ce matin, est d'ailleurs celle de ce chanteur matinal sur son fil électrique, qui m'a gratifiée de quelques jolies vocalises avant de s'envoler.


mercredi 28 juillet 2021

Voyage au royaume de Logres

Depuis une semaine et demie, pas d'enfants dont m'occuper (ils sont chez leur papa). Ça m'a fait bizarre, au début, de me retrouver toute seule et de savoir que ce serait pour une si longue période, trois semaines en tout. N'empêche, c'est quand même drôlement reposant. Et même si je travaille un petit peu (j'ai été engagée pour donner deux cours de français, un bon début !), et que je dois continuer à éplucher les offres d'emploi, ça me laisse quand même beaucoup de liberté. Du genre de celle qu'on oublie quand on a ses enfants, tout le temps, et qu'on est seule pour s'en occuper.

Ça m'a entre autre permis de décider sur un coup de tête d'aller au cinéma avec ma sœur, mercredi passé - voir un film que j'avais de toute façon prévu d'aller voir plus tard : Kaamelott ! Il faut dire que ce film, ça faisait un moment qu'on l'attendait, 12 ans depuis que la dernière saison a été diffusée. A l'époque où la série passait sur M6, c'était une véritable tradition familiale. L'une de nous allait toujours se poster devant la télé, et dès que ça commençait, elle criait "Kaameloooooott !" pour faire rappliquer tous les autres. On doit bien connaitre la moitié des répliques par cœur, et on se les balance encore régulièrement dans les conversations.

J'ai beaucoup apprécié le film. A tel point que j'y suis retournée le samedi avec mes parents et le lundi suivant, seule (Je n'ai jamais dit que j'étais complètement saine d'esprit !). Certes, le film a des défauts, mais c'était tellement bien de retrouver Perceval, Karadoc et les autres - un peu comme retrouver une vieille bande de potes plus vus depuis longtemps. J'ai ri et j'ai été émue, pour moi, c'était le mélange parfait. Et Arthur, nom d'une pipe, qu'est-ce qu'il est beau là-dedans ! (Pardon, je n'ai pas trop l'habitude de laisser mon côté guimauve éclater ici, comme ça).

Du coup, c'est ce qui a inspiré le thème du mois d'août dans mon bullet journal : le médaillon d'Arthur, les pierres d'un château et l'épée Excalibur - inspirée de la couverture de ce livre. J'ai dessiné cela tout en regardant (ou écoutant) les premières saisons de la série, car le film a (évidemment) réveillé mon côté obsessionnel et passionné, et que j'ai eu envie de tout re-re-regarder. Ah, et d'ailleurs, il n'est pas impossible qu'on me croise à nouveau au cinéma dans les prochaines semaines.

dimanche 18 juillet 2021

J'ai des tas de blessures

J'ai des tas de blessures, anciennes ou plus récentes, qui en ce moment semblent se raviver un peu toutes en même temps. Ça prend la forme de pensées qui tournent et retournent dans ma tête, qui font comme des boules dans mon ventre et des nœuds dans ma gorge. Ce sont de tout petits maux qui à force de revenir, à force de résonner en boucle, deviennent lourds, pénibles, angoissants. Ça pèse, ça fait mal, ça me prend mon énergie. Il y a des douleurs et il y a des colères, il y a des sentiments d'injustice, de culpabilité, des non-dits.

Parmi les plus récentes, il y a monsieur le juge qui me demande si je veux vraiment que les enfants aillent chez leur père trois week-ends sur quatre, parce que quand même, c'est sympa d'avoir aussi des week-ends avec ses enfants. Je n'ai rien su dire sur le moment, à part "oui, je suis sûre", mais cela revient encore et encore dans ma tête accompagné de tout ce que j'aurais voulu exprimer : qu'en fait j'aurais voulu une garde partagée, une semaine sur deux, si le papa n'était pas allé vivre dans une autre ville, que trois week-ends par mois c'est le minimum qu'il puisse faire, que toute la charge mentale était déjà sur moi, les courses d'école, les rendez-vous chez le médecin, les soirs de semaine où je vis l'enfer en essayant de les coucher pas trop tard, les chaussures à racheter quand les anciennes sont défoncées, les K-ways perdus à tenter de retrouver, les repas à préparer qui ne conviennent jamais, que j'aime beaucoup mes enfants mais que passer du temps avec eux est rarement une sinécure, et d'abord, monsieur le juge, pourquoi vous ne demandez pas plutôt au papa s'il n'aimerait pas les avoir un peu plus souvent ?

Ça tourne et retourne dans ma tête, ça me brûle la gorge, la poitrine, ça fait une boule de colère dans mon ventre qui pourrait me faire éclater.

Une blessure plus ancienne, oh à peine une égratignure (enfin ça devrait) : on est en 2015, ça fait un peu plus d'une année qu'on est en Suisse, on a enfin notre propre appartement, et ma belle-soeur vient passer quelques semaines chez nous avec son mari et sa fille. On leur prépare une chambre d'amis, on se procure un lit, on achète deux ou trois choses pour qu'ils soient confortables. Ma maman, voyant ça, me lance un jour que quand elle et mon père venaient nous rendre visite à l'Ile Maurice, on ne les recevait pas de cette manière, qu'on ne prenait pas tant de soin à préparer leur venue. Eh bien Maman, c'est tout simplement parce qu'à Maurice on n'avait rien, vraiment rien. Acheter un lit aurait coûté plus que mon salaire mensuel, et là-bas, on ne trouve pas ce genre de choses d'occasion, parce que les gens ne changent pas de mobilier sur un coup de tête - au contraire, quand enfin ils changent quelque chose de cassé (un canapé, un frigo), ils le paient par mensualités sur un an ou deux. C'est aussi parce que je me tuais au travail, du lundi au samedi, que je préparais mes cours jusqu'à minuit alors que mon bébé se réveillait encore trois fois par nuit, alors il ne restait pas beaucoup de temps pour le reste. Et puis quand vous veniez à Maurice, on attendait votre venue comme un enfant attend son dessert, avec l'espoir d'avoir enfin droit à quelque douceur, une sortie au restaurant que vous auriez pu nous offrir, une visite culturelle, une balade en voiture vers des coins reculés, toutes ces choses qui nous étaient interdits en temps normal parce que nous n'avions pas de voiture, pas d'argent pour nous offrir plus qu'un McDo ou des mines frire. Alors que quand ma belle-soeur est venue nous rendre visite ici, c'est nous qui avions quelque chose à prouver, nous qui nous devions de leur offrir ce qu'ils n'avaient pas l'occasion de faire chez eux, un petit séjour en camping, des sorties, une chambre d'amis un peu jolie, un peu confortable.

Cette remarque, cette toute petite remarque, prononcée il y a six ans, revient de temps en temps me blesser, elle revient souvent ces derniers temps, je ne sais pas pourquoi. Elle tourne et tourne dans ma tête et m'égratigne le cœur.

Je pourrais continuer, je devrais peut-être le faire d'ailleurs, peut-être pas ici mais dans un cahier, quelque part. Je trouverais sûrement des motifs récurrents, je crois en voir un d'ailleurs, il s'agit souvent des moments où je n'ai pas su dire ma colère, ma tristesse, ou ma déception, où je n'ai pas sur m'expliquer, trouver les mots. Je crois que je m'améliore un peu dans ce domaine, j'apprends petit à petit à savoir ce que je veux, à le réclamer, à m'exprimer quand on me blesse, quand on me fait du tort. Je m'améliore mais ça reste très, très dur, car je crois que je n'ai jamais appris à communiquer comme il fallait, et surtout que j'ai toujours appris à faire passer les autres, leurs désirs et leurs besoins avant les miens.

J'ai des tas de blessures. Invisibles mais à la douleur lancinante. Je dirais bien que je les soigne, mais la vérité c'est que je n'ai aucune idée de la marche à suivre, ni de comment faire pour éviter que les petits événements de la vie ne continuent à me cabosser...