mardi 21 janvier 2020

Je me souviens... Le jardin enchanté (9)

Quand j'étais enfant, à l'époque de l'école primaire, j'avais deux meilleures amies. On passait la plupart de nos après-midi ensemble, chez l'une ou l'autre, ou alors dans le village, dans la forêt toute proche, à la piscine en été, à creuser des tunnels dans les tas de neige en hiver.

L'une de mes deux meilleures amies habitait une grande et vieille maison entourée d'un jardin immense, autant dire un immense terrain de jeux pour ces trois petites gamines. On aimait grimper aux arbres, surtout sur le hêtre avec ses belles branches basses, ni trop grosses ni trop minces. Ou le prunier, sur lequel on avait chacune notre « chambre », une branche particulière sur laquelle on s'installait.  Un jour, la maman de mon amie nous avait dit qu'elle trouvait étonnant qu'on aime tellement grimper aux arbres, car dans son esprit, c'était plutôt un truc de garçon. Etonnée par cette affirmation, j'avais répondu sans hésitation qu'elle se trompait, que c'était les filles qui grimpaient aux arbres ! Je ne m'étais jamais posé la question, ayant passé mon enfance perchée dans des branches. J'étais à mille lieues de ce type de considérations genrées.

Féérie après la pluie

On aimait aussi dénicher des escargots, les arroser de quelques gouttes d'eau, leur proposer des dendelions. Une fois, on avait dessiné sur leur coquille au feutre indélébile, et on s'était amusées à essayer de les retrouver les jours suivants. Parfois, la maman de mon amie amenait des tritons de l'étang du collège où elle travaillait. On les gardait dans des bassines avec un fond d'eau, dans lesquelles on disposait des pierres, des morceaux de bois, des feuilles... C'était rigolo de les attraper, puis de les regarder nager à toute vitesse dès qu'on les reposait dans l'eau. Les mâles étaient tout petits, avec le dos bleu, les femelles plus grandes et d'une couleur plus discrète.

Au début de l'été, on cueillait des raisinets (groseilles). Mon amie m'avait dit que si on les mangeait quand les ils étaient encore verts, on pourrait avoir une aussi belle voix qu'Ariel dans La petite sirène. Elle avait joint le geste à la parole, avait gobé quelques raisinets pas murs avant de se mettre à faire des vocalises. Je l'avais crue et l'avais imitée.



En automne, on ramassait des pommes sous les pommiers. Elles étaient petites et acides, autant dire délicieuses.

Au fond du jardin, il y avait un endroit que l'on aimait beaucoup. D'un côté, un tas de tuiles étaient empilées. De l'autre, c'étaient des pavés hexagonaux. Et ces tas de tuiles ou de pavés formaient nos bureaux, ou plutôt nos établis ou nos laboratoires : on s'installait chacune à sa place attitrée, avec nos petits éléments de dînette. Puis on allait cueillir des plantes, des fleurs, récolter de la terre, des feuilles mortes, des cailloux, et on se mettait à créer nos potions. On y passait des heures. On s'inventait des histoires. On était bien, on était libres...


Vous aussi, racontez-moi un souvenir d'enfance, en commentaire ou sur votre blog, avec un lien vers celui-ci. Je poste chaque mardi (ou presque) un nouveau petit souvenir d'enfance, amusant, beau ou triste.

13 commentaires:

  1. Ta première photo, quelle merveille!
    Ces souvenirs d'enfance sont magiques! Et oui, quand je pense à tes jeux d'extérieur, petite, je te vois perchée sur un arbre.
    ♥♥♥

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    1. Merci :)
      Oui oui, j'étais toujours en hauteur ! ;)

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  2. <3
    C'est exactement ça, j'y ajouterais encore le toit du garage sur lequel on avait griffé des repères histoire de viser la minuscule barrière lorsqu'on se suspendait dans le vide à l'aveugle pour redescendre ;-). Il y a aussi quelques jolies omissions, comme les tritons qui s'échappaient en plein cagnard et qu'on retrouvait desséchés sur la table de ping pong ;-).
    Merci ptitchka de m'avoir ramenée, l'espace d'un instant, auprès de ce jardin et de ces moments enchantés.
    Je t'envoie de douces pensées de ma contrée lointaine!

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    1. C'est vrai, j'avais oublié le toit du garage ! Et celui de la niche dans le chenil, où on faisait nos "réunions". Sans compter tous les autres endroits où on s'évadait, le champ à côté, la forêt, les "trois arbres"... Plein de souvenirs merveilleux :) Plein de bisous à toi aussi.

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  3. Je suis d'accord avec Loulou pour la photo!
    Et j'aime beaucoup, beaucoup, ton récit. Il est doux et plein de nostalgie.

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  4. j'ai été très touchée par ton récit et et cela m'a rappelé de beaux souvenirs.
    Moi qui me dit féministe, t'avoir fait une réflexion aussi genrée, aïe...
    Heureuse de savoir que le jardin et la maison ont été bien habités
    Tous mes voeux pour la fin de ton master et bravo à toi

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    1. J'ai tellement de bons souvenirs dans ce jardin, et dans la maison aussi :) C'était vraiment le paradis, quand on était petites.

      Haha, pour la réflexion, je m'en souviens parce que ça m'avait marquée (en fait, je crois que ça m'avais surtout vraiment étonnée, parce que je ne m'étais jamais posé la question et que je passais ma vie dans les arbres ;)

      Merci pour ce petit message !

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  5. Evidememnt que ce sont les filles qui montent aux arbres ! J'ai passé mon enfance dans les arbres, bon, mon frère aussi ! ;) On avait fait des deux immenses lauriers nos maisons jusqu'au moment où notre père les a coupés pour bâtir un garage ! :( On s'est rattrapé avec les arbres de la forêt, on avait chacun le notre, on se parlait d'un arbre à l'autre, une fois j'ai failli tomber de haut, je n'ai rien dit à ma mère, trop peur qu'elle m'interdise d'y monter !

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    1. Ah, toi aussi tu grimpais aux arbres ? Ça me fait tout plaisir de lire ça :)
      Parfois, je montais sur un sapin qui se trouvait juste à côté de chez nous (des fois, avec un livre !), et tout là-haut, j'étais à la hauteur du rez-de-chaussée de la maison des voisins, construite plus haut que chez nous car le terrain était en pente. Je devais bien être à 6 ou 7 mètres, ce qui avait effrayé la voisine ;)

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    2. J'étais une grimpeuse lorsque j'étais gamine et moi aussi j'avais fait peur aux voisins un jour, ils étaient venus prévenir mes parents que j'étais tout en haut du portique, en plein milieu et c'était un portique fabriqué par mon père et donc bien plus haut que ceux qu'on trouvait dans le commerce ! mes parents me faisaient confiance, ils ont répondu aux voisins qu'ils le savaient ! ;) j'avais quatre ou cinq ans ! :D

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  6. Mince, j'ai oublié ! Ta féerie après la pluie est magnifique !

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    1. Merci, j'adore cette photo moi aussi, la lumière un peu avant le coucher du soleil est juste magique !

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