Instant de vie - Vous êtes française ?

A la bibliothèque, je pose un livre et ma carte sur le comptoir.

L'homme me regarde, paraît un peu surpris, semble ne pas savoir ce qu'il doit faire.

- C'est pour emprunter, marmonné-je.

Il me regarde encore, hésite.

- Vous allez prendre ça ?

J'acquiesce.

- Vous êtes française ?

- Non.

(Finis les « non, je suis Suisse » polis et timides)

- Mauricienne ?

Je souris, mais je ne réponds pas. Ce bonhomme m'amuse.

Il s'est enfin souvenu de ce qu'il devait faire, scanne ma carte, le code-barre du livre. Remet ses lunettes en place.

- Et vous, vous êtes Mauricien ?

- Pardon ?

- Vous êtes Mauricien ?

- Oui.

- Ah bon, c'est bien.

Il prend le reçu, le coince sous la couverture du livre. Je souris toujours, ris intérieurement. Je me sens bien, involontairement il égaie ma journée. Lui a l'air plutôt embarrassé. Mais je ne peux m'empêcher d'en rajouter encore un peu.

- Les Mauriciens sont curieux, dis-je d'un ton enjoué.

- Non, ce n'est pas de la curiosité... Ils sont amicaux, plutôt.

- Moi, je trouve qu'ils sont plutôt curieux.

Et je me mets à rire, avant de lui souhaiter une bonne journée.

Tombe la pluie

Bonne nouvelle, l'été mauricien est arrivé. Avec sa chaleur, son soleil brûlant, mais aussi ses grosses pluies.

Hier, je suis sortie vers quatre heures de l'après-midi pour aller acheter des tartes bananes pour le goûter (il faudra un jour que je vous parle des tartes bananes... Et que j'apprenne à les faire avant de partir d'ici, car ça va me manquer !). Bref, je me suis donc rendue à la tabagie du coin pour acheter mes tartes bananes. Sur le chemin, la pluie a commencer à tomber... C'étaient de grosses gouttes, comme on en voit rarement en Europe, mais encore assez espacées pour que je passse - presque - entre elles.

Une fois mes gâteaux achetés, j'ai dû me rendre à l'évidence. La pluie n'avait pas cessé et tombait au contraire de plus en plus fort... Abritée sous un avant-toit, j'ai contemplé les gouttes qui s'écrasaient sur le goudron, les caniveaux qui se remplissaient peu à peu. L'eau emportait la poussière, les mégots de cigarette, des bouteilles en plastique. Les voitures qui passaient envoyaient de longs jets d'eau - heureusement, j'étais assez loin de la chaussée et un peu en hauteur.

Comme la pluie ne faiblissait pas, j'ai finalement dû me résoudre à cacher tant bien que mal mes tartes sous mon t-shirt, et à me mettre à galoper ! Après avoir franchi les 300 mètres qui me séparaient de chez moi, j'étais aussi mouillée que si j'avais pris une douche.

Un peu plus tard - une fois les tartes bananes avalées avec un bon thé - la pluie s'est arrêtée de tomber. Et le Bibou a eu envie de sortir « faire un tour ».

Nous sommes donc allés taquiner les escargots... et leur donner des feuilles à manger, qu'ils ont dévorées goulûment.

Approche, c'est bon.

Nous avons marché dans les flaques... Enfin, surtout l'un d'entre nous !

En savates dans les flaques

Nous avons fait des photos de gouttes de pluie... Enfin, surtout d'une d'entre nous !

Goutte d'eau

Puis, en arrivant près du fameux canal dans lequel le Bibou aime jeter des cailloux, des feuilles et des bouts de bois, nous avons été surpris de voir, sautillant partout autour de nos pieds, des centaines de minuscules crapauds.

Je dis crapauds, mais serait-ce des grenouilles ?

Comme il n'y avait plus beaucoup de lumière et que ces petites bêtes ne tenaient pas en place, elles étaient plutôt difficiles à photographier...

Et on saute !

Ils étaient minuscules, ils ne devaient même pas mesurer un centimètre de long. Ils semblaient sortir de l'eau et essayer de partir... pour aller où ? Je n'en sais rien !

Égaré ?

Pendant que je prenais des photos, le Bibou (qui avait plutôt la trouille des crapauds / grenouilles malgré leur petite taille), s'affairait, comme d'habitude, à jeter des machins dans l'eau.

L'eau est un peu plus abondante que d'habitude !

De mon côté, je suis très contente que la pluie soit revenue. Les crottes de chiens qui jonchent les trottoirs sont enfin emportées et la montagne commence à troquer le gris, le jaune et le noir contre le vert. Sans compter que c'est une très bonne nouvelle pour les réservoirs du pays, qui commencent sans doute à se remplir. Espérons juste qu'il n'y ait pas d'inondations comme au début de cette année...

Un vent de changement

Depuis quelque temps, plusieurs signes tentaient de nous le faire comprendre.

Il y a eu le micro-ondes qui est tombé en rade. Subitement, les assiettes y tournaient mais en ressortaient tout aussi froides qu'avant. Puis une de nos chaises s'est cassé une patte. Récemment, c'est l'une de nos deux plaques de cuisson qui a décidé de se mettre en grève.

Rien n'allait plus. C'est comme si on voulait nous faire partir d'ici.

Et justement, la décision a été prise.

Nous quitterons l'Ile Maurice au début de l'année prochaine. Retour au bercail pour moi, grand départ pour l'Homme et le Bibou !

Finie la mer, les 30 degrés à l'ombre en été, les marchands de dholl puri et les letchis. Finis aussi les emplois mal payés, la poussière de la capitale, les trottoirs défoncés et l'absence d'assurances sociales.

Bonjour la neige, le froid, le fromage et les allocations enfant...

La décision n'a pas été facile à prendre, mais elle a fini par s'imposer. En ce moment, on rêve d'une vie plus douce et plus aisée... qui sera certainement possible, dans une certaine mesure, en Suisse. On sera aussi heureux de pouvoir - enfin ! - passer plus de temps avec mes parents et mes sœurs, qui ont été si loin pendant si longtemps. Même si évidemment, notre cœur commence déjà à se serrer à l'idée que nous seront alors loin des parents de mon homme, que nous ne verrons pas naître le bébé de sa sœur...

Ensemble

Un moment tout simple à deux, une eau gazeuse et un verre de thé froid. Ensemble, on est bien... et ensemble, c'est justement le thème de la photo du mois.

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Paroles de Bibou (8)

Eternelle source d'inspiration, mon Bibou et ses drôles de petites phrases ! En attendant que je retouche mes photos et ne vous concocte un autre article... voici donc les dernières drôleries du Bibou, 2 ans et 8 mois.

• Papa et Bibou se font des câlins et des bisous et se disent des mots doux :
  
  Bibou : Tu m'aimes, papa ?
  Papa : Oh oui, énormément !
  Bibou : Non, c'est les trompes des éléphants qui sont énormément !

• Je passe le balai dans la salle à manger, et une fleur de frangipanier ramenée par le Bibou se trouve dans le tas de poussière. Le petit s'écrie alors :
  
  - Non ! Bale pas la fleur !
  
  "Bale", l'impératif du verbe "baler", bien sûr.

• Il y a quelques temps déjà, les petits cousins du Bibou sont venus dormir chez nous. Notre minus a encore un peu de mal (un mal fou ?) à prêter ses jouets... Du coup, il a passé la soirée à dire :
  
  - C'est pas ta voiture ! C'est pas tes Lego ! C'est pas ton camion, hein Samuel ?

• Il y a quelques semaines, son expression fétiche, c'était "Je plaisante !"
  Il le disait surtout quand je le grondais ou que je lui demandais de faire quelque chose et qu'il m'ignorait. Sûrement un détournement de mon : "Je ne plaisante pas, Bibou, mets tes chaussures tout de suite ou je te laisse à la maison !"

• Et en ce moment, ses mots, c'est : "Ben alors, super !"
  D'ailleurs, quand il m'annonce, par exemple, qu'il a mis ses sandalettes tout seul et que je lui réponds "C'est bien, Bibou", il rétorque : "Non, il faut pas dire c'est bien, il faut dire super."

• Un jour, à table avec une bonne partie de mes collègues lors d'une sortie, le Bibou s'est tourné vers moi et, d'un ton très sérieux et sûr de lui, m'a lancé : "Maman, papa il a un zizi !" O_o

• L'autre jour, alors qu'on parlait sur skype avec ses grands-parents, on lui a demandé ce qu'il avait mangé au dîner.
  "Du riz... et des saucinettes !"

• Un matin, il jouait tranquillement dans sa chambre, quand tout à coup il est venu me retrouver en courant.
  "Maman, le habite-en-haut dans ma chambre elle a fait du bruit !"
  Heu... je crois qu'il n'avait pas tout compris, le soir où je lui avais expliqué qu'il ne fallait pas avoir peur des bruits qu'il entendait, car il s'agissait simplement de la voisine du dessus...

Le Divali des tout petits

Voilà dix minutes que j'ai ouvert la page de l'éditeur du blog et que je ne trouve pas d'attaque convenable pour mon billet. Tant pis, on fera sans.

J'ai été peu bavarde ces derniers temps... De la fatigue et un manque de motivation en sont la cause. Pourtant, depuis la fin du mois d'octobre, j'ai énormément de choses à raconter - et de belles photos à vous montrer.

Hier, nous étions invités au petit spectacle de fin d'année à la crèche du Bibou. Sur le thème de Divali - la fête des lumières - les minus et leurs miss présentaient quelques petites « chorégraphies ». A deux ans et demi, autant vous dire que la plupart ne dansait pas vraiment. Il y en avait deux ou trois qui suivaient avec entrain les gestes de leurs éducatrices, mais le Bibou, lui, n'a pour ainsi dire pas bougé du tout.

Il a gardé tout du long sa mine renfrognée. Je crois qu'il n'a pas bien compris ce qu'il faisaient là et pourquoi tous ces gens étaient là à le regarder.

Mais tout ça, ça ne fait rien. Mon fils, c'était évidemment le plus beau et le plus mignon, dans son joli kurta. En toute objectivité, bien sûr... :p