mercredi 19 février 2020

La belle mécanique s'enraye

Bon, quelques semaines après ces jolis blablas sur les méthodes pour venir à bout de la procrastination, mes journées studieuses à la bibliothèque et ma bonne résolution de limiter mon temps d'utilisation d'Instagram, je suis en train de sentir ma belle motivation retomber comme un soufflé. La belle mécanique s'enraye.

Les deux livres que j'ai entamés m'intéressent moyennement, et je me vois donc les délaisser au profit de mon portable et de Youtube... qui redevient une addiction, à laquelle j'ai tendance à succomber plutôt que de prendre un nouveau bouquin. Quant à mon travail de master, je suis dans une phase où il m'est difficile de savoir vraiment ce que je dois faire, et si ce que je fais est vraiment ce qu'il faut... ce qui fait que j'ai parfois une envie impérieuse de fuir. Fuir vers quelque chose qui m'occupe le cerveau sans que je doivent réfléchir. Comme... des vidéos Youtube. Et la boucle est bouclée, sauf qu'en fait de boucle, il s'agit plutôt d'un cercle vicieux dont j'aimerais me sortir.

Nuages sur le lac Léman et les Alpes

Quand je parle d'addiction, ce n'est pas juste un mot en l'air, je sens que c'est vraiment ce dont il s'agit. Je me sens comme une alcoolique qui n'arrive pas à résister à l'appel doucereux d'un verre de whisky, sauf qu'en fait de whisky ce qui m'appelle de manière si insistante est plutôt une absurdité comme la vidéo d'un type qui joue à des niveaux impossibles de Super Mario Maker (au fond de moi sommeille une geek adepte de jeux vidéos), celle d'une femme qui repeint des poupées Barbie en leur faisant un regard et un teint impressionnants de réalisme (non, sérieusement, elle est vraiment douée), ou encore celle d'une fille qui se fait relooker par le « personnal shopper » d'Amazon (moi qui déteste ce site et ne commande jamais rien là-dessus).

C'est un genre de force invisible qui me pousse à attraper mon téléphone ou à ouvrir un nouvel onglet sur mon ordinateur, une sorte d'immense flemme qui m'empêche de me lancer dans une activité plus nourrissante. Parfois, je ressens comme un manque, une tension, et la seule façon pour la calmer est de regarder une vidéo, n'importe laquelle ou presque. C'est exactement comme l'énervement que les fumeurs calment avec leur cigarette, mais qui est en fait engendré par leur manque de nicotine.

Une éclaircie dans le ciel

Quand je suis à la bibliothèque, supposée avancer sur mon travail de master, il m'arrive de ressentir un stress... Bien plus qu'un stress, en fait, une peur, une angoisse, un mal de ventre. Je vois l'heure ou je devrais me mettre au travail approcher, arriver, puis passer. J'ai toujours mal au ventre et je ne me suis toujours pas mise au travail. Avec plusieurs minutes de retard, je me décide enfin à faire mon petit exercice de cohérence cardiaque, puis j'ouvre Word, Excel... Je passe de l'un à l'autre, je relis quelques lignes, j'hésite, je m'affole, je ne sais plus par quel bout prendre mes données, quoi faire avec, comment avancer. J'angoisse de plus en plus, et je finis par fermer Word, fermer Excel, ouvrir Firefox et me perdre sur le grand Internet. Le cercle vicieux de la procrastination. Saviez-vous que celle-ci est plus souvent liée à la peur qu'à la paresse, comme on pourrait le croire ?

En fait, depuis le moment où j'ai commencé à écrire cet article (il est en cours depuis bien une semaine), j'ai déjà fait un petit bout de chemin. J'ai réussi à arrêter de cliquer sur la jolie icône rouge à triangle blanc de Youtube, et à me remettre à la lecture. J'ai fini un des deux livres que j'avais commencés, et je commence à apprécier le deuxième. Et surtout, ce matin, j'ai commencé la lecture d'un chapitre de bouquin qui me donne quelques idées concrètes sur la marche à suivre pour la suite de mon mémoire. De quoi calmer mon stress pendant au moins quelques heures, et peut-être bien remettre un peu d'huile dans les rouages.

Le soleil n'est pas loin

8 commentaires:

  1. C'est sûr que toutes ces tentations à portée de main ne facilitent pas les choses. J'ai fait mes recherches en bibliothèque à une autre époque, les sources de distraction étaient rares : un document dans le même classeur qui traitait d'un sujet un peu plus amusant que celui que j'étudiais, une revue sur un présentoir… et sinon, pas de téléphone (qui de toutes façons ne servait qu'à téléphoner), pas d'internet… en revanche, les photocopies étaient chères et limitées en nombre, donc je devais tout copier à la main, c'était long et fastidieux, il fallait se déplacer pour la moindre information , quand j'ai accès à présent aux catalogues en ligne, voire aux contenus numérisés. La technologie a ses avantages et ses inconvénients…
    Ou alors faire comme moi jusqu'à une époque très récente : un forfait internet ridicule sur le téléphone (100 Mo), pas de mails, pas de vidéos, pas d'internet sauf en cas d'urgence absolue. Du coup, à part quelques applis indispensables, parce que tout fonctionne avec le téléphone maintenant, j'ai conservé cette façon de faire : j'ai un téléphone qui me sert aussi d'agenda, d'appareil photo de secours, me permet d'échanger des SMS avec mes proches et de gérer 2-3 applis qui ne fonctionnent que comme ça (les trains, nos locations de vacances, mes tickets-repas, mes RV médicaux). Le reste peut attendre que j'arrive au boulot ou que je rentre à la maison.
    Mais ton travail de master, c'est une autre histoire : ça ne peut pas avancer non plus de façon linéaire, il est normal d'avoir quelques passages à vide, de douter… c'est aussi une manière de faire le point !

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    1. C'est sûr que beaucoup de choses ont changé. Tout est plus accessible, autant les choses utiles que les plus futiles !

      En fait, pour moi, ça dépend vraiment des périodes. Il y a des moments où j'arrive très bien à me passer de mon téléphone et à rester concentrée sur ce que je fais. Et d'autres où c'est l'enfer, impossible de me mettre au travail... Plus j'y pense, plus je me dis que ce qui vient en premier, c'est la peur (ne pas savoir ce que je dois faire, hésiter, ne pas être sûre de moi), et ensuite l'envie de m'enfuir par tous les moyens (dont Youtube, ou des livres !). Et c'est là que ça risque de déraper, parce que je risque de devenir accro... Mais je pense qu'il faut que je travaille d'abord sur le premier aspect (gérer la peur), plutôt que le second (éviter les tentations).

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  2. A distance c'est difficile de t'aider à trouver des solutions. Pourtant il en existe plein et tu en connais certaines.
    La seule chose que je dirai donc, c'est pourquoi ne pas diminuer ton temps de travail par deux entre les pauses ? Tu te fixes un court objectif pour la demi heure qui suit (ou l'heure ou le quart d'heure) en sachant qu'une longue pause suit. Tu t'autorises simplement à moins travailler durant cette période, en sachant que la motivation va finir par revenir. Tu n'arrêtes pas tout comme ça tu ne culpabilises pas mais tu avances au ralenti en fonction de ton énergie.
    Ouais, c'est vraiment nul à distance...

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    1. Merci beaucoup pour toutes ces idées !
      Ce matin, j'ai bossé comme une championne (enfin plus ou moins), j'espère que ça va durer. Mais je vais penser à diminuer les plages de travail, dès que je sens que ça redevient difficile.

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  3. Comme ça fait deux mois que je n'arrive pas à me remettre à écrire l'article urgent que je dois écrire pour le boulot, je ne peux que compatir! Tu sais qu'il existe des bloqueurs d'internet? J'utilise ça sur mon téléphone, par exemple, en ne me permettant qu'une heure de "social media" par jour. Ca marche très bien sur ordinateur aussi. Ca ne m'aide malheureusement pas beaucoup parce que moi, ce sont les bouquins qui m'appellent, pas youtube. Tiens, à propos de Youtube, ce podcast était très intéressant: https://www.npr.org/programs/ted-radio-hour/662611757/unintended-consequences (je te donne encore une excuse pour ne pas travailler sur ton mémoire, hehe, désolée!) :)

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    1. Bon courage, pour ton article... Quand on a décroché depuis pas mal de temps, c'est vraiment difficile de s'y remettre.
      Pas mal, les bloqueurs d'internet... j'y penserai.
      Et merci pour le podcast, j'irai y jeter un coup d’œil (ou plutôt, un coup d'oreille ;)

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  4. La peur, l'angoisse...en effet je cris que c'est le nerf de la guerre. Moi aussi j'ai du mal à me mettre au travail ces vacances-ci, je ne sais pas par quel bout commencer du coup je remet sans cesse à plus tard pourtant je voulais avoir préparé ma classe durant ma première semaine de vacances et bien ce n'est pas fini. J'ai préféré passer du temps sur internet avec des recherches personnelles qui me faisaient plaisir; pfff ... Qu'est-ce qu'on peut perdre du temps sur les écrans quand même !

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    1. Je comprends tout à fait... Oh oui, les écrans !
      Et maintenant, avec notre vie bouleversée par ce virus, c'est encore moins évident, pour moi en tout cas, de me concentrer...

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